Amis des Sans Terre Brésiliens (MST)
"L'Education change l'Homme, l'Homme change le Monde..." Paulo Freire
mouvement sans terre
29 sept. 2018
22 mai 2016
Communiqué FAL – Indignation face au coup d’Etat parlementaire au Brésil
France Amérique latine manifeste son indignation et sa condamnation du coup d’Etat parlementaire qui a comme objectif de destituer la présidente brésilienne Dilma Roussef.
Cet attentat à l’Etat de droit bafoue le vote de 54 millions d’électeurs et électrices brésiliens alors qu’il n’y a à ce jour aucune preuve d’un crime de responsabilité, unique raison constitutionnelle pour demander la destitution d’un président.
Le prétexte invoqué est celui d’irrégularités comptables, des « pédalages budgétaires » pour combler les déficits du budget en cours, pratique sans doute contestable, mais utilisée couramment par les gouvernements précédents et les gouverneurs d’Etats.
Le scandale des marchés publics surfacturés pour financer les partis politiques et verser des commissions aux élus touche toute la classe politique, y compris des élus du Parti des Travailleurs, le Parti de la Présidente, mais Dilma Roussef elle-même n’est pas impliquée dans ces faits de corruption.
La vérité, c’est que la droite brésilienne n’a pas supporté la victoire de Dilma et du PT aux présidentielles de 2014. Et malgré les nombreuses concessions faites par le gouvernement à la droite et aux secteurs privilégiés de la société, ces derniers ont décidé de reprendre le pouvoir, coûte que coûte et par n’importe quel moyen.
On est arrivé au comble que c’est un parlement fortement compromis dans les scandales de corruption qui juge une présidente à qui la justice ne reproche rien. Le nouveau gouvernement illégitime, dirigé par le président par intérim, Michel Temer, s’est prononcé pour appliquer un agenda ultra libéral, répondant aux intérêts de l’oligarchie financière, terrienne et industrielle, remettant en question des avancées sociales importantes des 13 dernières années.
Ce coup d’Etat parlementaire a un impact régional et fait écho en Amérique latine aux coups d’Etat « institutionnels » (mais illégitimes) qui ont eu lieu récemment au Paraguay et au Honduras, et aux menaces qui planent sur le Venezuela, l’Equateur ou la Bolivie.
Nous appuyons les mobilisations des mouvements sociaux brésiliens, Front Brésil Populaire, Peuple sans Peur, Jeunesse populaire Debout, Mouvement des Sans Terre, Mouvement des Sans Toit, des syndicats, étudiants etc.
Nous condamnons la criminalisation du mouvement social et la répression dont il est l’objet.
Nous demandons également aux médias français de faire leur travail d’information objectivement et de manière approfondie.
Nous appelons les citoyens et organisations sociales et politiques de l’Hexagone à se solidariser avec le peuple brésilien en résistance et à manifester leur soutien à la démocratie – et contre l’autoritarisme – dans ce pays.
Nous appelons le gouvernement français à ne pas reconnaître le président intérimaire illégitime, comme l’ont déjà fait les gouvernements du Venezuela et du Salvador
France Amérique latine
Le 18 mai 2016
Le 18 mai 2016
Source : http://www.franceameriquelatine.org/communique-fal-indignation-face-au-coup-detat-parlementaire-au-bresil/
Coup d’Etat au Brésil
O
n est quand même atterré par cette indifférence globale des grands médias dominants et de l’opinion publique, en France, à l’égard du coup d’Etat qui vient de se produire au Brésil où la présidente Dilma Rousseff vient d’être écartée du pouvoir [1]. Oui, il s’agit bien d’un coup d’Etat, un vrai. Certes sans bruits de bottes ni de sabres comme au bon vieux temps, mais coup d’Etat tout de même soit, pour être très clair : « Le renversement du pouvoir, de façon illégale, par l’action d’une fraction des gouvernants. »
Il est vrai aussi que, depuis des mois, l’opinion publique mondiale a été méthodiquement désinformée et saturée par des cascades de nouvelles à propos d’affaires de corruption au Brésil liées au groupe Petrobras. Mais justement, la présidente Dilma Rousseff n’est pas personnellement impliquée dans ce scandale. Et si, effectivement, la Constitution brésilienne prévoit le cas d’ « empêchement », de mise en accusation du chef de l’Etat, elle ne l’admet qu’en cas d’un « délit dont se serait rendu coupable le chef d’Etat ». Or à ce jour, Dilma Rousseff est simplement suspectéed’irrégularités sur la présentation de son budget 2014 pour avoir eu recours – comme tous ses prédécesseurs – à une acrobatie comptable consistant à faire financer des dépenses sociales par des banques afin de décaler dans le temps les débits inscrits sur les comptes publics. Répétons-le, tous ses prédécesseurs ont également pratiqué ce « dribble fiscal », sans pour autant avoir été mis en accusation.
Bref, Dilma Rousseff a été brutalement renversée par un coup d’Etat de nouveau type, institutionnel, inspiré du modèle qui a déjà permis le renversement de deux présidents progressistes : Manuel Zelaya, en 2009, au Honduras, et Fernando Lugo, en 2012, au Paraguay.
Ce n’est pas très compliqué à comprendre. Mais les médias dominants ont tellement embrouillé les choses, que le grand public en Europe en est venu à trouver presque « normal » que Dilma Rousseff soit finalement écartée du pouvoir. En revanche, la plupart des observateurs étrangers de bonne foi se trouvant sur place n’ont pu que constater la grossière manipulation médiatique et l’évidence du coup de force.
En témoigne, par exemple, la grande lucidité de l’acteur français Vincent Cassel qui réside à Rio de Janeiro et qui, à propos de la crise politique au Brésil, a récemment déclaré ceci : « Attention à la désinformation ! Quand Lula, il n’y a pas si longtemps, obtenait les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de foot, le Brésil passait pour le "pays de l’avenir". Aujourd’hui, on noircit le tableau avec la même exagération. Toute la classe politique de ce pays est corrompue. Lula et Dilma ont certainement des casseroles, mais leurs adversaires encore plus. La droite capitaliste, qui a longtemps dirigé le pays après la fin de la dictature, n’a jamais rien fait en faveur du peuple brésilien. Lula, lui, a sorti cent millions de personnes de la misère et a fait émerger une classe moyenne. L’ensemble des médias est détenu par quatre ou cinq familles riches qui manipulent l’information de façon scandaleuse pour reprendre le pays au Parti des travailleurs (PT) : les images des manifestations pro-Dilma sont régulièrement légendées par la presse comme des preuves de son impopularité ! La grande majorité ne souhaita pas son départ [2]. »
Pour aller dans le sens de Vincent Cassel, nous présentons ci-dessous plusieurs analyses (en espagnol) qui devraient permettre d’éclairer le débat.
Illustration : Michel Temer
1) Crisis brasileña era estrategia golpista
Por Emir Sader
ALAI AMLATINA, 12/05/2016.- La larga crisis brasileña, que algunos dicen que ha empezado con las manifestaciones callejeras de junio del 2013, otros que recién concluidas las elecciones del 2014, gana contornos definidos, conforme desemboca en un golpe blanco. No se puede decir que todo ha sido meticulosa y fríamente calculado, pero es cierto que han terminado siendo piedras de la arquitectura de una estrategia golpista con el objetivo, a como sea y con quien sea, sacar el PT del gobierno.
Ese es el objetivo de la derecha brasileña, así como es la de los otros países con gobiernos progresistas de la región : cerrar el ciclo de gobiernos populares, sacar a esas fuerzas del gobierno, de la forma que sea posible, restablecer el modelo neoliberal. Es lo que ha pasado y está pasando en Brasil ahora.
Hubo quienes creyeron que las manifestaciones del 2013 eran democráticas, que criticaban al gobierno y al PT desde un punto de vista de izquierda. Tremendo engaño : era el comienzo de la onda de descalificación de la política, primer paso para la ofensiva de la derecha.
Hubo quienes, desde la ultra izquierda, saludaban el final de los gobiernos del PT, su fracaso, el final del ciclo de gobiernos progresistas en América Latina, como si hubiera llegado la hora a la ultra izquierda. Enorme engaño : la alternativa al PT y a los gobiernos progresistas está en la derecha. La misma crisis demostró que el único gran liderazgo popular en Brasil es el de Lula. Que las grandes manifestaciones populares tienen en la CUT –Central Única de Trabajadores, cercana al PT– su más grande puntal.
Hubo quienes se han dejado llevar por los medios brasileños y creyeron que el tema central de la crisis era un tema de corrupción del PT. Cuando la crisis se ha profundizado y los medios internacionales mandaron sus corresponsales, todos, unánimemente, se dieron cuenta que los corruptos están del otro lado, son exactamente los golpistas. Que no hay ninguna prueba concreta en contra de Dilma o de Lula, mientras los dirigentes del golpe y más de 200 parlamentarios que lo han votado, son reos de procesos de corrupción en el Supremo Tribunal Federal.
Total, la larga y profunda crisis brasileña es la estrategia de la derecha para recuperar el gobierno y, desde ahí atacar los avances de los últimos casi 13 años en Brasil. Atacar la destinación constitucional de recursos para la educación y la salud, atacar los derechos de los trabajadores, atacar los patrimonios públicos, imponer un durísimo ajuste fiscal, desatar la represión en contra de los movimientos populares, establecer una política internacional de subordinación a los intereses de los Estados Unidos. Esos son los objetivos del golpe blanco, que se fue gestando a lo largo de los últimos años en Brasil.
Pretenden sacar al PT y restablecer el modelo neoliberal, el Estado mínimo y la política externa subordinada a los EEUU, y terminar con los gobiernos del PT que dieron prioridad a la lucha en contra de la desigualdad, al rescate del rol activo del Estado y a la política externa soberana. Esos son los objetivos de la larga crisis de desestabilización en Brasil.
La izquierda en su conjunto y todos los movimientos sociales lo han comprendido muy bien, se han unido en defensa de la democracia, en contra del golpe, a sabiendas que lo que viene, como en Argentina, es una venganza en contra del pueblo y de sus derechos.
Pero a diferencia de un golpe militar o de una victoria electoral, la derecha brasileña tiene que enfrentarse al más grande movimiento de masas que el país haya conocido, con su falta absoluta de propuestas que pudieran darle legitimidad y apoyo popular, con el liderazgo de Lula, el único con enorme respaldo popular.
Son tiempos de lucha, de disputa, de inestabilidad, de crisis hegemónica profunda. El juego no ha terminado, al contrario, se ha profundizado, los enfrentamientos de clase han quedado mucho más visibles. Brasil ya no será el mismo después de esta crisis. La derecha ya no se disfrazará de civilizada, de democrática, de reformista, para aparecer como es : neoliberal, corrupta, golpista (El gobierno de Temer, por primera vez, desde la dictadura, tendrá apenas a hombres, blancos, desde luego, adultos, reaccionarios, corruptos).
Mientras que la izquierda está comprometida con volver al gobierno para desatar los nudos que han bloqueado sus gobiernos y han llevado al golpe, principalmente la democratización de los medios, el quiebre de la hegemonía del capital especulativo, la reforma del sistema electoral, entre tantas otras reformas. Esa disputa es la que caracteriza al nuevo período político abierto hoy en Brasil.
- Emir Sader, sociólogo y científico político brasileño, es coordinador del Laboratorio de Políticas Públicas de la Universidad Estadual de Rio de Janeiro (UERJ).
2) El “impeachment” sin crimen es una agresión a la democracia
Brasil de Fato
Ni en la Cámara de Diputados ni en el Senado se presentaron pruebas concretas que incriminen a la presidenta Dilma.
El día de ayer quedará en la memoria del pueblo brasileño como el día en que el voto de 54 millones de lectores fue despreciado y, por medio de un golpe, la primera mujer electa presidenta de Brasil fue desplazada.
En cumplimiento de un rito que agrede nuestra democracia, el entonces presidente de la Cámara de Diputados, Eduardo Cunha (PMDB-RJ), encaminó el proceso de impeachment al Senado. Allí, la decisión de la mayoría fue favorable al parecer del relator de la Comisión Especial, Antonio Anastasia (PSDB-MG), que da continuidad al proceso por considerar que Dilma practicó crimen de responsabilidad. Con esa decisión, ella es apartada por hasta seis meses, hasta que haya una votación final, que decidirá por el impeachment o no.
Sin embargo, ni en la Cámara de Diputados ni en el Senado se presentan pruebas concretas que incriminan a Dilma Rousseff y que le impidan ejercer su mandato hasta el final. La acusan por los “maquillajes fiscales”, por lo tanto, si eso fuese considerado crimen, el impedimento también debería aplicarse sobre el vicepresidente Temer y para 16 de los actuales gobernadores. Por si no bastase, el propio Anastasia también utilizó las pedaleadas en el gobierno de Minas Gerais. ¡Lo que viene siendo orquestado es tan absurdo, que quien acusa son los que cometieron los crímenes por los cuales la presidenta es acusada ! O sea, ¡para ella vale, para ellos no !
Aunque los fundamentos de la acusación son precarios, el origen del golpe no lo es. Se sustenta en el realineamiento de Brasil con los intereses de los Estados Unidos, en la criminalización de las luchas sociales y en la retirada de los derechos de los trabajadores. Indicios de lo que será el nuevo gobierno está diseñado en el programa “Puente para el Futuro” que reúne intereses del capital internacional y que permite que estos hagan lo que siempre se quisieron : privatizar, no permitir que Brasil se desarrolle como nación soberana y aumentar la explotación de manera inédita.
¡No es hora de desanimar ! En este escenario es fundamental no sólo mantener, sino también intensificar la movilización contra el golpe propuesta por el Frente Brasil Popular, por el Frente Pueblo sin Miedo y por innumerables iniciativas de artistas, estudiantes, religiosos e intelectuales.
El sentimiento de que fuimos traicionados y golpeados se explayan, y es en las calles que llevaremos adelante grande combates denunciando a los golpistas y al modelo económico anti-popular a ser adoptado por Temer. ¡Nuestra lucha sigue ! y, con la frente en alto, seguiremos en alerta contra el retroceso en nuestro país.
Rio de Janeiro, 12 de mayo de 2016, 07h06
Editorial de Brasil de Fato
3) Asalto al poder en Brasil
Por Atilio Boron
Una pandilla de bandidos tomó por asalto la presidencia de Brasil. La integran tres actores principales : por un lado, un elevado número de parlamentarios (recordar que sobre unas dos terceras partes de ellos pesan gravísimas acusaciones de corrupción) la mayoría de los cuales llegó al Congreso producto de una absurda legislación electoral que permite que un candidato que obtenga apenas unos pocos centenares de votos acceda a una banca gracias a la perversa magia del “cociente electoral”. Tales eminentes naderías pudieron destituir provisoriamente a quien llegara al Palacio del Planalto con el aval de 54 millones de votos.
Segundo, un poder judicial igualmente sospechado por su connivencia con la corruptela generalizada del sistema político y repudiado por amplias franjas de la población del Brasil.
Pero es un poder del estado herméticamente sellado a cualquier clase de contraloría democrática o popular, profundamente oligárquico en su cosmovisión y visceralmente opuesto a cualquier alternativa política que se proponga construir un país más justo e igualitario.
Para colmo, al igual que los legisladores, esos jueces y fiscales han venido siendo entrenados a lo largo de casi dos décadas por sus pares estadounidenses en cursos supuestamente técnicos pero que, como es bien sabido, tienen invariablemente un trasfondo político que no requiere de mucho esfuerzo para imaginar sus contornos ideológicos.
El tercer protagonista de esta gigantesca estafa a la soberanía popular son los principales medios de comunicación del Brasil, cuya vocación golpista y ethos profundamente reaccionario son ampliamente conocidos porque han militado desde siempre en contra de cualquier proyecto de cambio en uno de los países más injustos del planeta.
Al separar a Dilma Rousseff de su cargo (por un plazo máximo de 180 días en el cual el Senado deberá decidir por una mayoría de dos tercios si la acusación en contra de la presidenta se ratifica o no) el interinato presidencial recayó sobre oscuro y mediocre político, un ex aliado del PT convertido en un conspicuo conspirador y, finalmente, infame traidor : Michel Temer. Desgraciadamente, todo hace suponer que en poco tiempo más el Senado convertirá la suspensión temporal en destitución definitiva de la presidenta porque en la votación que la apartó de su cargo los conspiradores obtuvieron 55 votos, uno más de los exigidos para destituirla.
Y eso será así pese a que, como Dilma lo reconociera al ser notificada de la decisión senatorial, pudo haber cometido errores pero jamás crímenes. Su límpido historial en esa materia resplandece cuando se lo contrasta con los prontuarios delictivos de sus censores, torvos personajes prefigurados en la Ópera del Malandro de Chico Buarque cuando se burlaba del “malandro oficial, el candidato a malandro federal, y el malandro con contrato, con corbata y capital”. Ese malandraje hoy gobierna Brasil.
La confabulación de la derecha brasileña contó con el apoyo de Washington -¡imaginen como habría reaccionado la Casa Blanca si algo semejante se hubiera tramado en contra de alguno de sus peones en la región ! En su momento Barack Obama envió como embajadora en Brasil a Liliana Ayalde, una experta en promover “golpes blandos” porque antes de asumir su cargo en Brasilia, en el cual se sigue desempeñando, seguramente que de pura casualidad había sido embajadora en Paraguay, en vísperas del derrocamiento “institucional” de Fernando Lugo.
Pero el imperio no es omnipotente, y para viabilizar la conspiración reaccionaria en Brasil suscitó la complicidad de varios gobiernos de la región, como el argentino, que definió el ataque que sus amigos brasileños estaban perpetrando en contra de la democracia como un rutinario ejercicio parlamentario y nada más.
En suma, lo ocurrido en Brasil es un durísimo ataque encaminado no sólo a destituir a Dilma sino también a derrocar a un partido, el PT, que no pudo ser derrotado en las urnas, y a abrir las puertas para un procesamiento del ex presidente Lula da Silva que impida su postulación en la próxima elección presidencial.
En otros términos, el mensaje que los “malandros” enviaron al pueblo brasileño fue rotundo : ¡no se les vuelva a ocurrir votar a al PT o a una fuerza política como el PT !, porque aunque ustedes prevalezcan en las urnas nosotros lo hacemos en el congreso, la judicatura y en los medios, y nuestro poderío combinado puede mucho más que sus millones de votos.
Grave retroceso para toda América Latina, que se suma al ya experimentado en la Argentina y que obliga a repensar que fue lo que ocurrió, o preguntarnos, en línea con el célebre consejo de Simón Rodríguez, dónde fue que erramos y por qué no inventamos, o inventamos mal.
En tiempos oscuros como los que estamos viviendo : guerra frontal contra el gobierno bolivariano en Venezuela, insidiosas campañas de prensa en contra de Evo y Correa, retroceso político en Argentina, conspiración fraudulenta en el Brasil, en tiempos como esos, decíamos, lo peor que podría ocurrir sería que rehusáramos a realizar una profunda autocrítica que impidiera recaer en los mismos desaciertos. En el caso del Brasil uno de ellos, tal vez el más grave, fue la desmovilización del PT y la desarticulación del movimiento popular que comenzó en los primeros tramos del gobierno de Lula y que, años después, dejaría a Dilma indefensa ante el ataque del malandraje político.
El otro, íntimamente vinculado al anterior, fue creer que se podía cambiar Brasil sólo desde los despachos oficiales y sin el respaldo activo, consciente y organizado del campo popular. Si las tentativas golpistas ensayadas en Venezuela (2002), Bolivia (2008) y Ecuador (2010) fueron repelidas fue porque en esos países no se cayó en la ilusión institucionalista que, desgraciadamente, se apoderó del gobierno y del PT desde sus primeros años. Tercer error : haber desalentado el debate y la crítica al interior del partido y del gobierno, apañando en cambio un consignismo facilista que obstruía la visión de los desaciertos e impedía corregirlos antes de que, como se comprobó ahora, el daño fuera irreparable.
Por algo Maquiavelo decía que uno de los peores enemigos de la estabilidad de los gobernantes era el nefasto rol de sus consejeros y asesores, siempre dispuestos a adularlos y, por eso mismo, absolutamente incapacitados para alertar de los peligros y acechanzas que aguardaban a lo largo del camino.
Ojalá que los traumáticos eventos que se produjeron en Brasil en estos días nos sirvan para aprender estas lecciones.
- Dr. Atilio A. Boron, director del Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini (PLED), Buenos Aires, Argentina. Premio Libertador al Pensamiento Crítico 2013.
NOTES
[1] Il s’agit, en principe, d’une mise à l’écart « provisoire » pour une durée de 180 jours pendant lesquels le Sénat décidera, à la majorité qualifiée des deux tiers, si la destitution est « définitive ».
[2] « Entretien avec Vincent Cassel », par Louis Guichard, Télérama, Paris, 14 mai 2016.
Brésil: le coup d’État - Le point du vue de Mickael Lowy
Appelons un chat un chat. Ce qui vient de se passer au Brésil, avec la destitution de la présidente élue, Dilma Roussef, est un coup d’état.
Coup d’état pseudo-légal, « constitutionnel », « institutionnel », parlementaire, tout ce qu’on voudra, mais coup d’état tout de même.
Des accusateurs massivement compromis dans des affaires de corruption
Des parlementaires – députés et sénateurs – massivement compromis dans des affaires de corruption (on cite le chiffre de 60%) ont institué une procédure de destitution contre la présidente, sous prétexte de irrégularités comptables, des « pédalages fiscaux » pour combler les déficits dans les comptes publics – une pratique routinière de tous les gouvernement brésiliens antérieurs ! Certes, plusieurs cadres du Parti des Travailleurs sont impliqués dans le scandale de corruption de la Petrobras, la Compagnie Nationale de Pétrole, mais pas Dilma…En fait, les députés de droite qui ont mené la campagne contre la Présidente sont parmi les plus empêtrés dans cette affaire, à commencer par le président du Parlement, Eduardo Cunha (récemment suspendu), accusé de corruption, blanchiment, évasion fiscale au Panama, etc.
Nouvelle stratégie des oligarchies latino-américaines.
La pratique du coup d’état légal semble être la nouvelle stratégie des oligarchies latino-américaines. Mise à l’épreuve au Honduras et au Paraguay – pays que la presse traite souvent de « Républiques bananières » – elle s’est révélé efficace et payante pour éliminer des Présidents (très modérément) de gauche. Maintenant elle vient d’être appliquée à un pays-continent…
On peut faire beaucoup de critiques à Dilma : elle n’a pas tenu ses promesses électorales et a fait énormément de concessions aux banquiers, aux industriels, aux latifundistes. La gauche politique et sociale n’a pas manqué, depuis une année, d’exiger un changement de politique économique et sociale. Mais l’oligarchie de droit divin du Brésil – l’élite capitaliste financière, industrielle et agricole – ne se contente plus de concessions : elle veut la totalité du pouvoir. Elle ne veut plus négocier, mais gouverner directement, par ses hommes de confiance, et abolir les quelques acquis sociaux des dernières années.
Citant Hégel, Marx écrivait, dans le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, que les événements historiques se répètent deux fois : la première comme tragédie, et la deuxième comme farce. Cela s’applique parfaitement au Brésil. Le coup d’état militaire d’avril 1964 était une tragédie, qui a plongé le Brésil dans vingt années de dictature militaire, au prix de centaines de morts et milliers de torturés. Le coup d’état parlementaire de mai 2016 est une farce, une affaire tragi-comique, où l’on voit une clique de parlementaires réactionnaires et notoirement corrompus, renverser une Présidente démocratiquement élue par 54 millions de brésiliens, au nom d’ « irrégularités comptables ». La principale composante de cette alliance de partis de droite est le bloc parlementaire (non partisan) connu comme « les trois B » : « Balle » – députés liés à la Police Militaire, aux Escadrons de la mort et autres milices privées – « Bœuf » – les grands propriétaires fonciers éleveurs de bétail – et « Bible : les néo-pentecostaux intégristes, homophobes et misogynes. Parmi les partisans les plus enthousiastes de la destitution de Dilma se distingue le député Jairo Bolsonaro, qui a dédié son vote aux officiers de la dictature militaire et nommément au Colonel Unstra, tortionnaire notoire. Parmi les victimes de Ustra, Dilma Roussef, à l’époque (début des années 1970) militante d’un groupe de résistance armée; mais aussi mon ami Luís Eduardo Merlino, journaliste et révolutionnaire, mort en 1971 sous la torture, à l’âge de 21 ans.
Le nouveau Président Michel Temer, intronisé par ses acolytes, est lui-même impliqué dans plusieurs affaires, mais n’a pas encore fait l’objet d’une mise en examen. Lors d’un sondage récent, on a demandé aux Brésiliens s’ils voteraient pour Temer en tant que Président de la République : 2% on répondu favorablement…
Rôle décisif des médias
En 1964, on a eu droit à des grandes manifestations « Avec Dieu, et la Famille pour la Liberté », qui ont préparé le terrain pour le coup contre le président Joâo Goulart; cette fois-ci à nouveau des foules « patriotiques » – chauffées à blanc par la presse aux ordres – se sont mobilisées pour exiger la destitution de Dilma, en allant, dans certains cas, jusqu’à demander un retour des militaires… Composées essentiellement de personnes de couleur blanche (la majorité des brésiliens est noire ou métisse) issues des classes moyennes, ces foules ont été convaincues par les médias que l’enjeu de cette affaire c’est « le combat à la corruption ».
Ce que la tragédie de 1964 et la farce de 2016 ont en commun, c’est la haine de la démocratie. Les deux épisodes révèlent le profond mépris des classes dominantes brésiliennes pour la démocratie et la volonté populaire.
Le coup d’état « légal » va-t-il se passer sans trop d’encombres, comme au Honduras et au Paraguay ? Ce n’est pas si sûr… Les classes populaires, les mouvements sociaux, la jeunesse rebelle n’ont pas dit leur dernier mot.
Michael Lowy, directeur de recherche émérite au CNRS
https://blogs.mediapart.fr/michael-lowy/blog/140516/bresil-le-coup-detat?utm_source=facebook
18 mai 2016
Réunion
de soutien à la démocratie brésilienne au siège du Parti
Communiste Français – Espace Niemeyer – Paris – le vendredi 13
Mai 2016.
Photo : Adèle Goliot
Beaucoup
d'émotions le vendredi 13 Mai, dans les locaux du Parti Communiste
Français à l'occasion de la conférence organisée autour du coup
d'Etat au Brésil. Le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre,
s'est associé au Parti Communiste Français, au Parti des
Travailleurs et aux ex-exilés brésiliens, franco-belges de la
dictature militaire de 64 pour donner un échos, en France, à la
situation politique dramatique au Brésil et organiser la résistance.
Les
témoignages autour de la portée symbolique de la destitution de
Dilma Roussef ont fusé. Les ex-exilés brésiliens ont rappelé à
notre mémoire l'histoire des coups d'Etat au Brésil, le climat de
la dictature de 1964 à 1985 sous laquelle ils ont été obligés de
fuir pour des activités considérées comme subversives. Si le
coup d'Etat n'a pas pris la même forme, il est dénoncé comme un
coup d'Etat institutionnel de la droite ultra libérale profitant du
système politique de cooptation au sein de la chambre des députés.
Les alliances politiques se sont organisées dans une attaque en
bonne et due forme contre la démocratie brésilienne.
La
présidente Dilma Rousseff, avec la complicité des médias, a été
accusée de corruption et le processus de destitution a été lancé
sans apporter la preuve d'aucun crime de responsabilité. Le contexte
politique est présenté par Douglas Estevam du Mouvement Sans Terre
qui dénonce une attaque contre la démocratie et l'Etat de droit.
Une attaque contre les références de la gauche, contre l'histoire
des mouvements sociaux et un retour vers les fondations mêmes de la
création du pays dans un contexte d'esclavage et de génocide des
peuples brésiliens. Dilma et Lula sont les premiers à avoir rompu
avec cette tradition en ouvrant l'accès aux droits sociaux pour la
base de la société brésilienne. C'est bien pour ses qualités et
non ses défauts que la présidente a été destituée.
Laurence
Cohen (sénatrice du Val de Marne) dénonce la mise en place d'une
dictature économique extrêmement grave avec tous les pouvoirs
donnés à la grande finance et à des groupes de pression
industriels et financiers. Ce qui prend tout son sens au regard de la
formation du nouveau gouvernement : sur 23 ministres, 17 sont millionnaires, tous sont des hommes, blancs, plusieurs sont poursuivis
pour des actes de corruption avérés. Les premières actions du
gouvernement ont été la suppression des ministères de la culture,
des femmes et du développement agraire (qui représentait les petits
paysans). Le ministre de la justice a déclaré officiellement la
classification des mouvements sociaux en tant qu'organisations
terroristes.
La
violence n'est pas que symbolique, elle est aussi physique, organisée
par l'Etat avec l'assassinat de 4 militants du Mouvement Sans Terre
en un mois, l'expulsion d'une école occupée par des étudiants sans
autorisation judiciaire légale. Bolsonaro (député fédéral de
l'Etat de Rio) dans ces discours, incite à la violence populaire et
appelle le peuple à prendre les armes contre le mouvement sans
terre. Des agressions physiques ont été commises envers des
personnes affichant leur soutien aux organisations qui dénoncent ce
coup d'Etat.
L'assemblée
et les représentants des organisations décrivent un processus qui
ne se limite pas uniquement aux frontières brésiliennes mais
concernent bien tous les pays d'Amérique Latine en se référant aux
coups d'Etat qui ont eu lieu au Honduras et au Paraguay, à la
situation de l'Argentine et du Venezuela. L'inquiétude est
terrible pour les pays du continent restant à gauche, particulièrement pour la Bolivie, le Venezuela et l'Equateur. La
droite brésilienne avait demandé une intervention militaire en
Bolivie lors de la renégociation des dettes des entreprises
brésiliennes y travaillant. Les membres de ce nouveau gouvernement
sont connus pour leur positionnement conservateur face aux autres pays
de l'Amérique Latine.
Face
à cette prise de pouvoir illégitime d'une ultra-droite agressive,
le lien est fait avec le contexte européen et international de
montée en puissance de l’extrême droite.
Ainsi,
on comprend mieux les sentiments exprimés par l'assemblée :
tristesse, indignation, honte, colère mais pour citer un des
participants : nous vivons « une situation triste mais qui
donne la volonté de combattre ». « Nous avons besoin de
force pour lutter contre cette bande de voleurs au sens premier. ».
Il rappelle que « nous avons déjà gagné une fois contre la
dictature ».
Ce
moment est un appel à prolonger, en France, la mobilisation du
peuple brésilien, si bien décrite par le Mouvement Sans Terre, qui
n'a eu aucun échos dans les médias. Cette crise a permis une
remobilisation de la population brésilienne et la construction de
nouvelles articulations des luttes avec la naissance du Front Brésil
Populaire et du Front Peuple Sans Peur. Les propositions concrètes
de soutien à la démocratie et au peuple brésilien ont été
nombreuses :
- Augmenter la communication médiatique en France autour du coup d'Etat.
- Dénoncer le parti pris de la majorité des médias français et les mener à produire une analyse objective de la situation.
- Lutter pour le droit à l'information et à la communication en soutenant les médias libres.
- Porter la voix des artistes du Pernambuco qui s'organisent pour financer les mouvements de lutte contre le coup d'Etat.
- Trouver des solutions de financement autres pour soutenir les mouvements en lutte au Brésil.
- Continuer le travail de fourmi de bouche à oreille sur la situation au Brésil au quotidien.
- Sortir dans la rue, occuper les lieux publics.
- Demander au gouvernement français un positionnement clair sur le coup d'Etat.
- Profiter du soutien des liens avec le groupe amitié Brésil du Sénat pour communiquer sur le coup d'Etat auprès des sénateurs.
- Organiser un recours juridique contre ce coup d'Etat en sollicitant les tribunaux internationaux.
- Construire un réseau de solidarité ici et là-bas.
Tout
est en construction mais l'outil sera certainement les 3 R :
Ruas (Rues), Relaçoes internacionais (relations internationales) et
Redes (Réseaux).
La
résistance en France va vers la construction d'un Front Brésil
Populaire France ?
Nous
allons continuer à lutter !
Texte Clarissa Figueira
21 avr. 2016
Mobilisation des juristes brésiliens contre le coup d'état !
CONTEXTUALISATION
La Présidente Dilma Roussef a été la cible d’attaques systématiques provenant de l’opposition politique, des grands médias e des secteurs conservateurs de la société, depuis l’annonce officielle de sa victoire au second tour des élections de 2014.
Dans un premier temps, avant même que la Présidente ne soit investie de ses fonctions, l’opposition a initié une campagne destinée à répandre le doute quant à la confiance sur le dépouillement des votes et sur la régularité du système informatique électoral. Par un acte inédit depuis l’implantation du vote électronique (1996), la Tribunal Suprême Électoral a autorisé un audit à la demande du candidat vaincu, en l’absence de tout indice de fraude. Bien que cette première tentative de déstabilisation du gouvernement se soit soldée par un échec, le candidat de l’opposition, insatisfait de ce résultat, a appelé la population brésilienne à sortir dans les rues et a demander la démission de la Présidente, accusée d’avoir abusé des finances publiques afin de remporter les élections.
Les principaux mouvements organisateurs des protestations, auto intitulés de “sans-partis et spontanés”, d’orientation politique conservatrice et financés par de grandes entreprises brésiliennes et étrangères défenseurs du libre marché, veulent l’impeachment.
Au début de l’année 2015, la coalition du candidat vaincu a demandé à la Justice Électorale de statuer sur la régularité des mandats de la Présidente et du Vice Président., alléguant un abus de pouvoir politique, économique durant la campagne (à la fin de l’année 2015, cette action fut déclarée recevable par le Tribunal et n’a pas encore été jugé). Au cours de l’année 2015, les attaques de l’opposition se sont intensifiées. Et c’est à ce moment que la Petrobras se trouve être la cible de la plus grande opération anticorruption jamais réalisée dans le pays – ce qui a justement été rendu possible en raison des mesures d’inspection et de transparence approuvées tout au long des années de gouvernement du Parti des Travailleurs.
Les grands médias privés promeuvent les actions du juge Sérgio Moro – chargé des procès instaurés à partir des investigations policières – comme un spectacle de masses. Tout ceci se traduit par une couverture médiatique systématique et partial des faits, renforcées par des commentaires dépréciatifs quant au gouvernement et stigmatisant quant à ses soutiens. Les grands groupes de communication s’évertuent clairement à déconstruire l’un des camps de la dispute politique et à renforcer l’autre, fomentant l’idée que le Parti des Travailleurs est responsable de la corruption structurelle du Brésil.Ils réduisent la dimension des manifestations populaires en faveur du gouvernement et occultent les nuances et les complexités du moment politique, en s’associant aux protagonistes de la campagne “Dehors Dilma!”.
Déjà en 2015, le Président de la Chambre des Députés, Eduardo Cunha, qui est l’objet d’investigations pour son implication dans les affaires de corruption de la Petrobras et mis en cause pénalement pour avoir reçu des pots de vin sur un compte bancaire suisse a reçu la demande d’impeachment fondée sur
1) les “pédalages fiscales” (2015), présentées comme des opérations de crédit entre la Fédération Brésilienne et des banques publiques (Banco do Brasil, Caixa Econômica Federal e BNDES- Banque Nationale pour le Développement Économique et Social) et
2) l’édiction de six décrets non énumérés responsables de l’ouverture de crédits supplémentaires, sans autorisation législative.
Aucune de ces deux actions pourtant ne répond à l’exigence constitutionnelle d’offense à la Loi de Finances et ainsi constituer un crime de responsabilité, qui serait la seule et unique pour laquelle l’ordre juridique brésilien autorise le procès d’impeachment.
Eduardo Cunha, encore non suspendu par la Commission d’Éthique de la Chambre des Députés, exerce en toute impunité ses fonctions de Président de la Chambre. Dans ces circonstances, et avec l’appui de l’opposition vaincue par les urnes en 2014, il s’apprête à conduire la première et plus importante phase du procès d’impeachment. Par ailleurs, sujette à perdre son mandat, sans quelque indice, investigation ou accusation de fraude fiscal ou de dissimulation d’informations sur ses biens et son patrimoine, la Présidente Dima Roussef, qui n’a pas de compte bancaire à l’étranger, dont le nom ne figure sur aucune liste de politiciens impliques dans des affaires de corruption. qui n’apparaît sur aucune opération de repentance pour avoir reçu ou offert des pots de vin, et qui ne figure pas comme accusée ou mise en cause dans des investigations policières ou criminelles. D’un côté, le principe de présomption d’innocence, de l’autre, la présomption de faute comme règle politique du moment.
La Commission Spéciale du procès d’impeachment de la Chambre des Députés est composée majoritairement de d’hommes politiques qui ont notoirement reçu des donations de campagne électorale de la part d’entreprises investiguées dans les détournements de la Petrobras. Les membres de cette Commission sont des députés également investigués par cette même opération policière.
Le Brésil vit un moment particulier de grande appréhension e de souffrance. La rue et les réseaux sociaux distillent la haine contre ceux qui appellent à la défense de la Démocratie ou du Droit. Les citoyens de base ainsi que des personnalités publiques qui ne participent pas du “faux consensus” produit par l’opposition, deviennent la cible d’attaques personnelles stimulées par les médias conservateurs et dominants, clairement intéressés par l’inversion du résultat électoral produit par les urnes.
La Présidente Dilma est offensée, tout particulièrement dans sa condition de femme, par des insultes machistes et des plaisanteries misogynes. Les politiciens alliés, en raison d’intérêts personnels ou électoraux, s’éloignent de la majorité présidentielle. Depuis les élections, la propre gouvernance se trouve menacée, de nombreuses actions sont bloquées par le parlement, afin de fomenter la crise économique et sociale qui permet d’asseoir le discours du coup d’état.
Le Droit, a été, pour de nombreux juristes ou agents du système judiciaire, utilisé comme un instrument politique d’inversion du résultat des urnes, en flagrant délit d’abandon des principes élémentaires défendus par les diverses instances judiciaires. Ce scénario rend hautement préoccupant la perspective d’une rupture de l’ordre démocratique et d’une violation de la souveraineté populaire au moyen d’abus de pouvoir. En d’autres mots, par l’exercice d’un pouvoir que ne se soumet pas au Droit.
L’absence de fondement factuel valide quant à la motivation de l’impeachment, l’utilisation de jugements politiques vagues et imprécis, et le non respect du principe constitutionnel de légalité sont des instruments qui caractérisent ce qu’il peut convenir d’appeler un “coup d’état législatif”, un “coup d’état blanc”, ou un “coup d’état occulte” (la déposition de Fernando Lugo, Président du Paraguay, en 2012, bien que n’étant pas un cas isolé en Amérique Latine, est la typique illustration et application de ce jugement politique qui conduit à la déposition du Chef du Pouvoir Exécutif dans un système présidentiel : “mauvais bilan politique”). Pourtant, dans le régime présidentiel, le jugement sur le bilan politique du mandataire est le citoyen, au moyen du vote issu d’un suffrage régulier et direct et en aucun cas par le Législatif, sous peine de rupture de l’État Démocratique de Droit.
NOUVELLE CAMPAGNE POUR LA LEGALITE : MANIFESTE DES JURISTES EN DEFENSE DE LA CONSTITUTION ET DE L’ETAT DE DROIT
À Mme la Présidente de la République, à Mmes et MM. les Sénateurs et Sénatrices, à Mmes et MM les Députés Fédéraux, à Mmes et MM les Membres de la Cour Suprême Fédérale, au Peuple Brésilien.
La Nouvelle Campagne pour la légalité : Manifeste des Juristes en Défense de la Constitution et de l’État de Droit.
Nous, soussignés, juristes, avocates et avocats, professeures et professeurs de Droit du pays tout entier, entendons par le présent manifeste :
1 – Affirmer l’État de Droit Démocratique et Constitutionnel, qui doit être soumis aux lois et se réaliser par la loi, qui ne peut admettre aucune violation de garanties fondamentales établies ainsi qu´aucune instauration d’un État d’exception par le truchement d’un procès d’impeachment sans fondement juridique.
2 – Défendre l’impartialité de la Justice, qui doit pouvoir fonctionner selon les règles de la Constitution et de l’ordre juridique, refusant son fonctionnement sélectif ainsi que les persécutions politiques de quelque nature.
3 – Défendre la répression de la corruption, qui doit être réaliser de manière éthique, républicaine et transparente, sans que cela ne conduise à quelque restriction ou infléchissement des droits des citoyens ou l’utilisation irresponsable de moyens de communication quant à l’établissement artificiel et impropre d’actes judiciaires. La lutte contre la corruption ne peut s’exercer à l’encontre des droits et garanties du citoyen.
4 – Affirmer que nous luterons pour la préservation de la stabilité et du respect des institutions politiques, ce qui en ce moment de crise se révèle être une position prudente, afin d’assurer le respect de la volonté populaire, qui doit se manifester par les règles définies dans la Constitution, au moyen d’élections directes régulières et périodiques.
Le Brésil travers actuellement une grave crise au cours de sa récente démocratie. Pendant les années de dictatures, nombre de citoyens ont souffert et se sont sacrifiés pour nous puissions aujourd’hui exercer pleinement nos droits.
La corruption n’est pas un fait nouveau, elle demeure présente depuis trop longtemps et doit être fortement combattue. Mais afin d’éliminer la corruption nous ne pouvons pas, au risque de faire régresser la protection des droits du citoyen brésilien - comme ce fut le cas pendant la dictature militaire instaurée après le Coup d’État de 1964 –, permettre de relativiser la présomption d’innocence ou d’établir l’existence d’actes arbitraires comme les mandats d’amener coercitifs de simples témoins ou mis en cause, de détentions provisoires, sans base juridique légale afin d’obtenir des accords de réduction de peine pour repentance ou d’écoutes téléphoniques illégales qui violent les prérogatives des avocats et jusqu’à ceux de la Présidence de la République.
En outre, nous ne pouvons pas admettre la compromission des principes démocratiques qui régissent le procès pénal, ainsi que les opérations médiatiques et les fuites sélectives, qui visent à détruire les réputations e à interférer dans le débat politique, en plus de provoquer des tensions au sein de l’opinion publique afin de légitimer ces opérations.
Nous ne pouvons pas accepter l’infléchissement du principe démocratique au moyen d’un impeachment sans fondement juridique. La constitution exige, en effet, la commission d’un crime de responsabilité qui doit être préalablement défini par la loi. Il n’en va pas ainsi de quelque décision politique liée à la satisfaction ou à l’insatisfaction de la gestion de l’exécutif.
Le vote populaire choisit le Président pour un mandat de quatre ans, au final duquel il sera évalué. Même si l’on suppose que l’impeachment est une décision politique, cela ne lui retire point sa juridicité, c’est à dire son caractère de décision juridique conforme à la Constitution. L’approbation des lois ou l’édiction de décrets sont aussi des décisions politiques et ne peuvent, ainsi, aller dans un sens contraire à la Constitution. Affirmer que le jugement est politique ne peut pas signifier que la Constitution puisse être violée. La preuve de l’existence d’un crime est une condition de constitutionnalité de l’impeachment. Ainsi même à partir d’une analyse très légaliste du procès, la conclusion est que le crime de responsabilité ne s’impose pas.
La démocratie permet la divergence de point de vue sur le caractère des décisions politiques, mais l’ultime décision quant aux erreurs et succès, au sein d’un régime démocratique, repose sur le vote populaire. Même aux parlementaires élus par le peuple il n’est pas donné de pouvoir par la Constitution d’exclure le chef de l’exécutif, aussi élu par le suffrage, sur la base de dissensions politiques, mas à peine dans la stricte et exceptionnelle hypothèse de crime de responsabilité.
Dans ce sens, nous voulons affirmer que la lutte quant à la préservation de la stabilité et le respect des institutions politiques passe part le respect du mandat populaire acquis au moyen du vote issu d’élections régulières.
Source : http://www.md18.org/#!CAMPAGNE-POUR-LA-LEGALITE-BRESIL/cjds/5718e6ab0cf25351a37d18e2
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