Réunion
de soutien à la démocratie brésilienne au siège du Parti
Communiste Français – Espace Niemeyer – Paris – le vendredi 13
Mai 2016.
Photo : Adèle Goliot
Beaucoup
d'émotions le vendredi 13 Mai, dans les locaux du Parti Communiste
Français à l'occasion de la conférence organisée autour du coup
d'Etat au Brésil. Le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre,
s'est associé au Parti Communiste Français, au Parti des
Travailleurs et aux ex-exilés brésiliens, franco-belges de la
dictature militaire de 64 pour donner un échos, en France, à la
situation politique dramatique au Brésil et organiser la résistance.
Les
témoignages autour de la portée symbolique de la destitution de
Dilma Roussef ont fusé. Les ex-exilés brésiliens ont rappelé à
notre mémoire l'histoire des coups d'Etat au Brésil, le climat de
la dictature de 1964 à 1985 sous laquelle ils ont été obligés de
fuir pour des activités considérées comme subversives. Si le
coup d'Etat n'a pas pris la même forme, il est dénoncé comme un
coup d'Etat institutionnel de la droite ultra libérale profitant du
système politique de cooptation au sein de la chambre des députés.
Les alliances politiques se sont organisées dans une attaque en
bonne et due forme contre la démocratie brésilienne.
La
présidente Dilma Rousseff, avec la complicité des médias, a été
accusée de corruption et le processus de destitution a été lancé
sans apporter la preuve d'aucun crime de responsabilité. Le contexte
politique est présenté par Douglas Estevam du Mouvement Sans Terre
qui dénonce une attaque contre la démocratie et l'Etat de droit.
Une attaque contre les références de la gauche, contre l'histoire
des mouvements sociaux et un retour vers les fondations mêmes de la
création du pays dans un contexte d'esclavage et de génocide des
peuples brésiliens. Dilma et Lula sont les premiers à avoir rompu
avec cette tradition en ouvrant l'accès aux droits sociaux pour la
base de la société brésilienne. C'est bien pour ses qualités et
non ses défauts que la présidente a été destituée.
Laurence
Cohen (sénatrice du Val de Marne) dénonce la mise en place d'une
dictature économique extrêmement grave avec tous les pouvoirs
donnés à la grande finance et à des groupes de pression
industriels et financiers. Ce qui prend tout son sens au regard de la
formation du nouveau gouvernement : sur 23 ministres, 17 sont millionnaires, tous sont des hommes, blancs, plusieurs sont poursuivis
pour des actes de corruption avérés. Les premières actions du
gouvernement ont été la suppression des ministères de la culture,
des femmes et du développement agraire (qui représentait les petits
paysans). Le ministre de la justice a déclaré officiellement la
classification des mouvements sociaux en tant qu'organisations
terroristes.
La
violence n'est pas que symbolique, elle est aussi physique, organisée
par l'Etat avec l'assassinat de 4 militants du Mouvement Sans Terre
en un mois, l'expulsion d'une école occupée par des étudiants sans
autorisation judiciaire légale. Bolsonaro (député fédéral de
l'Etat de Rio) dans ces discours, incite à la violence populaire et
appelle le peuple à prendre les armes contre le mouvement sans
terre. Des agressions physiques ont été commises envers des
personnes affichant leur soutien aux organisations qui dénoncent ce
coup d'Etat.
L'assemblée
et les représentants des organisations décrivent un processus qui
ne se limite pas uniquement aux frontières brésiliennes mais
concernent bien tous les pays d'Amérique Latine en se référant aux
coups d'Etat qui ont eu lieu au Honduras et au Paraguay, à la
situation de l'Argentine et du Venezuela. L'inquiétude est
terrible pour les pays du continent restant à gauche, particulièrement pour la Bolivie, le Venezuela et l'Equateur. La
droite brésilienne avait demandé une intervention militaire en
Bolivie lors de la renégociation des dettes des entreprises
brésiliennes y travaillant. Les membres de ce nouveau gouvernement
sont connus pour leur positionnement conservateur face aux autres pays
de l'Amérique Latine.
Face
à cette prise de pouvoir illégitime d'une ultra-droite agressive,
le lien est fait avec le contexte européen et international de
montée en puissance de l’extrême droite.
Ainsi,
on comprend mieux les sentiments exprimés par l'assemblée :
tristesse, indignation, honte, colère mais pour citer un des
participants : nous vivons « une situation triste mais qui
donne la volonté de combattre ». « Nous avons besoin de
force pour lutter contre cette bande de voleurs au sens premier. ».
Il rappelle que « nous avons déjà gagné une fois contre la
dictature ».
Ce
moment est un appel à prolonger, en France, la mobilisation du
peuple brésilien, si bien décrite par le Mouvement Sans Terre, qui
n'a eu aucun échos dans les médias. Cette crise a permis une
remobilisation de la population brésilienne et la construction de
nouvelles articulations des luttes avec la naissance du Front Brésil
Populaire et du Front Peuple Sans Peur. Les propositions concrètes
de soutien à la démocratie et au peuple brésilien ont été
nombreuses :
- Augmenter la communication médiatique en France autour du coup d'Etat.
- Dénoncer le parti pris de la majorité des médias français et les mener à produire une analyse objective de la situation.
- Lutter pour le droit à l'information et à la communication en soutenant les médias libres.
- Porter la voix des artistes du Pernambuco qui s'organisent pour financer les mouvements de lutte contre le coup d'Etat.
- Trouver des solutions de financement autres pour soutenir les mouvements en lutte au Brésil.
- Continuer le travail de fourmi de bouche à oreille sur la situation au Brésil au quotidien.
- Sortir dans la rue, occuper les lieux publics.
- Demander au gouvernement français un positionnement clair sur le coup d'Etat.
- Profiter du soutien des liens avec le groupe amitié Brésil du Sénat pour communiquer sur le coup d'Etat auprès des sénateurs.
- Organiser un recours juridique contre ce coup d'Etat en sollicitant les tribunaux internationaux.
- Construire un réseau de solidarité ici et là-bas.
Tout
est en construction mais l'outil sera certainement les 3 R :
Ruas (Rues), Relaçoes internacionais (relations internationales) et
Redes (Réseaux).
La
résistance en France va vers la construction d'un Front Brésil
Populaire France ?
Nous
allons continuer à lutter !
Texte Clarissa Figueira
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