Un festival de cinéma d’Amérique Latine sans aborder les mouvements sociaux et les alternatives du coin du monde le plus en ébullition … ça n’existe pas, ça n’existe pas. Jeudi soir à 21 H, dans les locaux de Friture, avant-dernier volet d’Ecran Libre avec un zoom sur les luttes alternatives. Des alternatives locales que relaie Friture aux alternatives d’Amérique du Sud, il y a tout de même un océan, eu égard à l’ampleur des luttes qui s’enracinent sur l’autre continent. _ Ce soir donc, Ecran Libre propose un travelling engagé à travers le Brésil, l’inévitable Venezuela, le Chili et le Guatemala. L’invité de cette quatrième thématique, Julien Terrié, que certains Toulousains, suivant l’actualité politique à gauche de la gauche, pour ne pas citer de parti, doivent connaître. Julien s’intéresse depuis quelques années au Mouvement des paysans Sans-Terre au Brésil (MST). Il a notamment suivi en 2005 le forum social de Porto Alegre et la construction de l’université du Mouvement des sans-terre à Sao Paulo. Il en a tiré le documentaire « Descobrimos as Raizes, La mistica du Mouvement des Sans Terre brésilien ».
Quelques chiffres avant tout pour comprendre la situation brésilienne et l’ampleur du mouvement : 1% des propriétaires terriens possèdent 44 % des terres cultivables ; plus de 4 millions de familles sont sans terre ; 1, 5 millions de paysans ont rejoint le mouvement et ont conquis 20 millions d’hectares.
Depuis 1979, date de la première occupation de terre, le mouvement est devenu le plus gros mouvement social d’Amérique Latine. Non sans heurts et autres drames comme celui d’Eldorado Dos Carajas du 17 avril 1996 où dix-neuf personnes furent massacrées. Cette date est d’ailleurs devenue la journée internationale paysanne, véritable journée mondiale anti-OGM.
« J’ai voulu montrer dans ce documentaire, explique Julien Terrié, comment ce mouvement arrive à impliquer des exclus analphabètes dans le champ politique. Ce mouvement social est un prodige ». Lula, dont le Mouvement des Sans-Terre a facilité la réélection en 2006, n’a pas forcément joué le rôle que certains pourraient croire. « Le budget de la réforme agraire a baissé de moitié, précise Julien, Lula a choisi de privilégier l’agrobusiness. Il a renié ses promesses de campagne ».
Ces dernières années, dans d’autres pays comme en Bolivie ou en Equateur, une gauche plus radicale est arrivée au pouvoir. Est ce le début de débouchés politiques pour les mouvements sociaux ? Rappelons qu’hormis la Colombie, l’Amérique Latine gouverne à gauche. Mais il y a gauche libérale et gauche antilibérale. Quoi qu’il en soit, force est de constater que depuis l’effritement des dictatures et depuis que les Etats-Unis lorgnent plus sur le Moyen-Orient, les luttes alternatives bouillonnent en Amérique Latine et qu’ailleurs les bombes explosent.
Emmanuel Scheffer
Le programme de la soirée :
Découvrir nos racines, Julien Terrié, 26 min, France (VOSTF)
Proposition pour une télé libre, Thierry Deronne, Venezuela
Que en paz NO descanses//Action de quartier de La Victoria, Chili, Senal 3
Sipakapa no se vende, et autres...Guatemala
De mi corazon, Julio Hernadez, 12 min, Guatemala (VOSTA)
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