mouvement sans terre

12 juin 2009

Douglas Estevam, avec les sans-terre brésiliens

Par Frères des Hommes (www.fdh.org)
Douglas Estevam, avec les sans-terre brésiliens

Il arrive dynamique, souriant, toujours ; un peu gêné peut-être ce soir-là, car moins à l’aise pour un portrait que pour une conférence… Douglas Estevam a aujourd’hui 31 ans. Il représente depuis maintenant plus d’un an en France le Mouvement des sans-terre brésilien (MST), partenaire de Frères des Hommes. Des bidonvilles de São Paulo à Paris, retour sur le parcours mouvementé de ce jeune homme engagé.


Les parents de Douglas étaient paysans. Ils ont du quitter leur terre lorsqu’ils en ont été expulsés et partir tenter leur chance à la ville. Né à São Paulo, il a cependant « été élevé dans un esprit encore paysan », avec comme valeurs l’hospitalité ou la solidarité. En 1992, quand il a 14 ans, le Brésil est en plein bouleversement. Fernando Collor, alors président et responsable d’une libéralisation accélérée du pays, est accusé de corruption. Une grande partie du peuple demande sa démission. « J’ai participé aux grèves en tant qu’ouvrier et aux grandes manifestations en tant qu’étudiant », se souvient Douglas, un sourire aux lèvres. Il découvre alors le milieu syndical et les partis politiques, mais n’a pas encore le déclic. « Je n’y ai jamais adhéré », tient-il à souligner.

Il milite ensuite dans une association d’aide aux sans-toit, et suit une formation dispensée par le MST. La première rencontre avec le mouvement est fructueuse et il participe dans la foulée à un séminaire international contre la zone économique américaine de libre-échange. Cela marque le début de son parcours au sein du MST. « Je suis entré dans le mouvement principalement pour des raisons politiques », précise-t-il. Il a été séduit par la forme d’organisation collective et participative, dans la diversité : jeunes, vieux, femmes, hommes, tous agissent dans un mouvement qui réunit aujourd’hui plus de 450 000 familles. De plus, le MST, outre ses revendications sociales et politiques, développe au fil du temps un projet de société qui se met doucement en place. Une orientation qui lui plait : « par exemple, des secteurs comme la culture ou le genre ont pris une importance de plus en plus grande alors qu’ils ne sont pas directement reliés à l’accès à la terre. Ce modèle de société, fondé sur une pensée collective, moins dépendant de l’économie de marché, est un élément-clef pour un grand nombre de sans-terre. »

Aujourd’hui, Douglas est toujours autant volontaire et décidé, même s’il est conscient des difficultés : « La lutte pour la terre au Brésil devient de plus en plus difficile », avoue-t-il en soupirant. Les agro-industries ont de plus en plus de pouvoir, les médias, en grande partie liés au pouvoir, donnent souvent une image faussée du MST… Mais Douglas ne perd espoir, comme le prouve le tout dernier événement qu’il a mis en place à Paris pour les 25 ans du MST avec l’aide d’une quinzaine d’associations françaises, dont Frères des Hommes. Avec conviction, il faut toujours et encore informer le public et faire partager les luttes, pour plus de solidarité. Son avenir ? Engagé toujours pour une société plus juste et solidaire, peut-être en Bolivie ou au Brésil.


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