mouvement sans terre

17 déc. 2007

L'avocat des Sans Terre menacé de mort

Le frère Henri de Rosiers, avocat et défenseur des droits humains connu sous le nom de « Frei Henri », court un grand danger. D’après l’organisation non gouvernementale Comissão Pastoral da Terra (CPT, Commission pastorale de la terre), la police militaire de Xinguara, dans le sud de l’État du Pará, a indiqué que trois hommes avaient été engagés pour tuer Frei Henri, en échange d’une somme estimée à 50 000 réals brésiliens (environ 20 000 euros) en octobre 2007.

http://24h-actions-urgentes.com/

Frei Henri reçoit depuis un certain nombre d’années des menaces de mort liées à ses activités de défenseur des droits humains. Son nom serait inscrit sur une liste de personnes à abattre dressée, semble-t-il, par des propriétaires terriens de la région.

Frei Henri est protégé par la police militaire vingt-quatre heures sur vingt-quatre depuis l’assassinat, en février 2005, de Sœur Dorothy Stang, une militante écologiste qui avait été la cible de multiples menaces de mort. Cependant, les autorités n’ont manifestement pas tenté d’enquêter sur les dernières menaces de mort formulées contre lui ; elles n’ont pas non plus pris d’initiatives sérieuses en vue de faire la lumière sur les précédentes menaces ou sur cette « liste noire », pas plus qu’elles n’ont essayé de désarmer les milices locales.

Frei Henri travaille depuis de nombreuses années en tant qu’avocat de la Commission Pastorale de la Terre (CPT) à Xinguara. Cette organisation défend les militants du droit à la terre, les ouvriers agricoles et les sans-terre, dans un État tristement célèbre pour la violence et l’impunité qui y règnent.

Le sud de l’État du Pará est en effet l’une des régions les plus violentes du Brésil. D’après la Commission pastorale de la terre, 814 personnes y ont été assassinées entre 1971 et 2006 dans le contexte de conflits fonciers. En 2006, selon les mêmes sources, 118 militants du droit à la terre ont été menacés de mort.

Selon des informations émanant de la Commission fédérale des droits humains, des entreprises de sécurité opérant comme de véritables milices armées offrent des récompenses spécifiques pour l’élimination de personnes jouant un rôle actif dans la défense des droits humains et des droits fonciers. Sœur Dorothy Stang a ainsi été tuée, en 2005, par des tueurs à gages à la solde de propriétaires terriens locaux. Si cette affaire a reçu l’attention de la communauté internationale et conduit à l’ouverture de poursuites, des centaines d’autres homicides n’ont toujours pas fait l’objet d’enquêtes. D’après la Commission pastorale de la terre, sur les 814 homicides perpétrés entre 1971 et 2006, 568 demeurent non élucidés. Pour 92 affaires criminelles, une seule personne a été emprisonnée.

11 déc. 2007

Action Syngenta Toulouse



Les photos et le reportage sont libres de droits ... diffusez les sans entrave !


3 déc. 2007

Au Brésil, Syngenta TUE !

Réunion Publique
10 décembre 2007 à 20h30
salle Castelbou, à proximité de la Place Arnaud Bernard, 22, rue Léonce Castelbou à Toulouse,
Métro Compans Caffarelli.


Le 21 octobre 2007, des hommes en armes à la solde de SYNGENTA, multinationale suisse, ont attaqué des paysans sans Terre du MST qui occupaient pacifiquement une parcelle et ont assassiné un des militants paysans, Valmir Mota de Oliveira.



Le collectif ANTI OGM 31 appelle a un rassemblement dans le cadre de la journée des Droits de L'Homme.


Lundi 10 décembre 2007 à 15h00
devant le siège de à Saint Sauveur
(25 km au nord de Toulouse)


Syngenta Seeds
12, chemin de L'Hobit 31790
Saint Sauveur



Une gerbe sera déposée en mémoire de Valmir et une minute de silence sera observée pour les paysannes et les paysans assassinés dans le monde pour s'être mobilisés contre les multinationales.
Cette cérémonie sera l'occasion de rappeler la forte mobilisation en France, en Europe et dans le monde, contre les OGM de Syngenta qui sont refusés aussi bien par les paysans que par les consommateurs. Les militants présents dénonceront les violations inqualifiables contre les droits de l'Homme perpétrés par des hommes à la solde de Syngenta.



Un covoiturage sera organisé au départ de Toulouse. Rendez vousà la Station de métro « Arènes » le lundi 10/12/2007 à 14h30.



avec Projection du documentaire
« Paysans Sans Terre»
de Julien Farrugia avec des membres des Amis du MST de Toulouse.

Au Brésil, 1% des propriétaires détiennent 45% des terres cultivables : le mouvement des travailleurs sans terre exige que le gouvernement exproprie les parcelles non cultivées. Ce film est un excellent témoignage des acteurs de la lutte pour la terre au Brésil, c'est à dire les Sans Terre eux même, organisés dans l'impressionnant Mouvement des Sans Terre (MST) Brésilien qui résiste depuis 20 ans à la répression des grands propriétaires et des multinationales. Petit arrêt sur la campagne brésilienne où les invisibles deviennent visibles et sèment l'espoir.



Une collecte sera organisée pour soutenir les orphelins et la veuve de Valmir



Collectif Anti OGM 31 Contacts :
(Marina 06 24 66 86 00) (Michel Metz 06 19 79 53 69) (Jacques Dandelot 06 30 50 56 63) (JM Desfilhes 06 28 33 08 42) Amis des Sans Terre (06 21 17 02 26)

21 nov. 2007

Emission sur Radio Mon pais












Actualité des mobilisations contre la Syngenta et présentation du Mouvement des Sans Terre, c'est un peu long mais prenez le temps...

Télécharger l'émission

20 nov. 2007

Syngenta Réprime et tue les paysans/annes

Valmir Mota de Oliveira dit "Keno"

Devant les événements du 21 octobre au cours desquels deux tueurs à gage, engagés par Syngenta,la transnationale Suisse qui promeut le production de transgéniques, ont envahi le campement Tierra Libre des paysans du Mouvement des Sans Terre (MST), mouvement affilié à Via Campesina au Paraná, et assasiné notre compagnon Valmir Mota de Oliveira, connu sous le nom de Keno, de deux coups de feu à bout portant, tout en menaçant les autres paysans et paysannes présentes,



Nous vous demandons :

De mener des actions de protestation devant les bureaux de Syngenta dans les pays respectifs et de présenter des communications dans les ambassades de Suisse et du Brésil avec les requêtes suivantes :



1. Châtiment pour les acteurs matériels et intellectuels de ce crime.


2. Expropriation des terres de Syngenta pour la production de semences créoles afin qu’elles soient adminitrées par les paysannes et les paysans.


3. Expulsion de Syngenta du Brésil.


4. Que le gouvernement du Brésil sous le mandat du Citoyen Président Luís Ignacio Lula Da Silva adopte des mesures pour assurer l’intégrité physisque des paysannes et des paysans qui sont menacés par les tueurs engagés par Syngenta.


5. Nous demandons aux organisations de soutenir les initiatives d’Amnistie Internationale pour répudier et pour condamner Syngenta.


6. Que les organisations de Via Campesina dans tous les pays organisent des journées de protestation devant les Ambassades de Suisse, du Brésil et devant les bureaux de Syngenta le jeudi 8 Noviembre 2007, pour condanner cet acte criminel

7. Envoyer des notes de protestation aux adresses suivantes :


Governador do Estado do Paraná Exmo Governador do Estado do Paraná Sr. Roberto Requião de Mello e Silva Palácio Iguaçu Praça Nossa Senhora de Salete, s/nº, 3º andar Centro Cívico 80.530-909 Curitiba/PR - Brasil Fax : + 55 41 3350 2935


Adressé à : Vossa Excelência/ Your Excellency/ Votre Excellence Ministro da Justiça Exmo Ministro da Justiça Sr. Tarso Genro Esplanada dos Ministérios, Bloco « T » 70712-902 - Brasília/DF - Brasil Fax : + 55 61 3322-6817 Adressée à : Vossa Excelência/ Your Excellency/ Votre Excellence

Copies pour :
Secretaria Especial de Direitos Humanos Exmo. Secretário Especial Sr. Paulo de Tarso Vannuchi Esplanada dos Ministérios - Bloco « T » - 4º andar 70.064-900 - Brasília/DF - Brasil Fax : + 55 61 3226 7980 Adressée à : Vossa Excelência/ Your Excellency / Votre Excellence
Copie au MST Brésil et à Via Campesina : mstpr@mst.org.br and viacampesina@viacampesina.org



Envoyez-nous un bref rapport et des photos des actions organisées à viacampesina@viacampesina.org



Via Campesina Internationale
Plus d’informations : http://www.viacampesina.org/


19 nov. 2007

8 novembre : le monde proteste contre Syngeta

Des centaines d'organisations et d'individus ont participé à des actions de rue ou envoyé des lettres hier 8 novembre 2007 pour protester contre le meurtre de Valmir Mota d'Oliveira, leader de La Via Campesina - Brésil, lors de l'occupation de champs dédiés aux essais d'OGM, dans l'Etat du Parana au Brésil. Ils dénonçaient les violations des droits humains par la compagnie basée en Suisse et, plus généralement, s'opposaient aux semences génétiquement modifiées et au contrôle qu'exerce les entreprises de l'agro-alimentaire sur l'agriculture.

Les paysans et leurs allies en Corée, en Indonésie, au Timor-oriental, aux Etats-Unis, au Congo, en Espagne et au Chili ont mené des actions devant les ambassades suisses ou les bureaux de Syngenta.

Des organisations de la "Korean Progressive", parmi lesquelles la Korea Peasant League, KPL, Ligue Paysanne de Corée), Korea Women Peasant Association, (KWPA, Association des Paysannes de Corée) et l'Alliance coréenne des mouvements progressistes se sont rassemblés devant l'immeuble de Syngenta pour dénoncer la répression exercée par la compagnie et apporter leur soutien aux actions du Mouvement des Sans Terre (MST) du Brésil, actions en faveur d'une agriculture durable et promouvant les semences paysannes. Certains paysans coréens ont également témoigner des conséquences négatives de la promotion de semences génétiquement modifiées de melon par Syngenta.

A New York, des activistes de la World Hunger Year, du Farmer Solidarity Project (Projet de solidarité paysanne) et de l'Agricultural Missions Inc., ainsi que des étudiants de l'université Rutgers, ont rencontré Daniel Haener, Consul général adjoint au Consulat général de la Suisse pour lui faire part de leurs revendications.

Au Congo, en Indonésie et au Timor oriental (le 30 octobre dernier), les organisations paysannes FSPI, Hasatil et COPACO-PRP, toutes membres de La Via Campesina, ont également organiser des actions pour réclamer la condamnation des criminels et exiger le départ du Brésil de Syngenta.

En Suisse même, l'organisation de paysans UNITERRE, elle aussi membre de La Via Campesina, a demandé à la Présidente de la Fédération Suisse, Micheline Clamy-Rey, de prendre position sur le cas de Syngenta-Brésil.

Enfin, des centaines de courriers électroniques de citoyens du monde entier, et principalement de l'Espagne, de la France et du Portugal, ont été envoyés aux autorités suisses ou au siège social de Syngenta, exprimant leur indignation et réclamant justice. "Une société transnationale qui monopolise les semences, l'eau et la terre, doit être tenue pour responsable de ses crimes environnementaux et sociaux", souligne un de ces courriers de protestation.

Henry Saragih, coordinateur général de La Via Campesina, basé en Indonésie, rappelle « Les leaders paysans sont criminalisés dans le monde entier. Nous nous battons pour les droits des paysans et nous savons que ce combat sera long. Nous invitons nos amis et alliés à maintenir leur soutien au mouvement et à organiser des actions et mobilisations contre Syngenta et pour les droits des paysans le 10 décembre, à l'occasion de la journée mondiale des droits de l'Homme. »

Plus d'informations et de photos sur www.viacampesina.org


13 nov. 2007

Amis du MST sur expression latine


Nous serons invités Julien et Ivaldo avec l'université nomade par l'équipe d'expression latine (Radio mon Pais 90,1 FM)
le Mercredi 14 novembre 2007 à 20h.

Pour parler du MST et des actions sur Toulouse contre la Syngenta...

Mercredi à 20h cliquez ici et sur "MARCHE"


12 nov. 2007

Protestation contre Syngenta à l’appel du Mouvement des Sans Terre du Brésil

URGENT : en réponse au drame du Brésil il faut appeler le standard de cet établissement de Syngenta proche de Toulouse.


Syngenta Seeds
Syngenta Seeds S.A.S. -- Regional Headquarters
12, chemin de L'Hobit - BP 27
31790 Saint Sauveur

Téléphone: 05 62 79 98 00
Fax: 05 62 79 99 90

Syngenta, firme suisse moins connue que la trop célèbre firme Monsanto est numéro un mondial dans le domaine des pesticides (productrice du Paraquat) et numéro trois sur le marché des semences. Elle est très active dans le domaine des biotechnologies.

L’actualité met en lumière une des multinationales de l'agrobusiness qui habituellement reste, au moins localement, plutôt dans l’ombre.

Les trois faits relatés ci-dessous montrent que cette firme, comme les autres multinationales semencières, veut imposer les cultures OGM mondialement à tout prix ; au Brésil « l’addition » est dramatique.

1) Syngenta vient de déposer devant les instances européennes une demande d'autorisation d'un maïs OGM (Bt11). Pour le moment, il se trouve que le commissaire européen à l'environnement demande à la Commission Européenne au nom du principe de précaution, de ne pas l'autoriser, faisant valoir une absence d'études de son impact sur d'autres insectes et de la persistance de la toxine qu'il sécrète.

2) Syngenta faisait partie avec Pioneer et le GEVES des plaignants dans le premier procès de Toulouse (neutralisation d’une parcelle d’essais de maïs OGM dont du maïs…..BT11….à Menville-31- en juillet 2004) qui a valu de lourdes condamnations et dommage et intérêts à 8 faucheurs volontaires (parmi 1000 faucheurs !) dont 4 mois de prison ferme à José Bové. Il est convoqué pour cette raison le lundi 12 novembre à Millau devant le juge d'application des peines.

3) Syngenta, au Brésil est au centre d’une actualité d'une autre nature. Dans l'état du Parana, un assassinat vient d'être commis.

Syngenta et milices privées au Brésil

Le dimanche 21 octobre, un « champ expérimental » de la multinationale Syngenta, situé à Santa Teresa Oeste a été occupé par près de 150 paysans de « Vía Campesina ». Une milice armée les a alors attaqués. Un membre de la Via Campesina, a été assassiné de deux balles dans la poitrine. Six autres travailleurs ruraux ont été grièvement blessés.

Ce champ expérimental avait déjà été occupé par des familles paysannes en mars 2006 pour dénoncer devant les autorités publiques et la société civile la production illégale de la part de Syngenta de graines de soja et de maïs génétiquement modifiées dans la région.

Pour le Mouvement des Sans Terre et Via Campesina, l'occupation du champ expérimental est une dénonciation de l'impunité dans laquelle opèrent les multinationales de l'agrobusiness, envahissant des zones naturelles uniques comme le Parc d’Iguaçu, avec des transgéniques et l'usage intensif d'agrotoxiques.

La proposition de Via Campesina, dès le début de l'occupation, a été de transformer le champ contaminé de Syngenta en un centre de recherche et de production de semences agro-écologiques, avec des variétés paysannes, accessible à tous et sans brevets.

En fonction de cela, en novembre 2006, le gouverneur de l'État du Paraná, Roberto Requiao, prit un décret pour dégager la zone du champ de Syngenta et établir un Centre de Référence en Agro-écologie. Syngenta se retrancha derrière le justice de l'État -dominée par les grands propriétaires - et obtint plus tard une suspension provisoire du décret et le droit de réintégrer la zone.

Face à une décision judiciaire d'évacuation et dans un climat de menaces et de violence de la part de gardiens et de gardes de sécurité contractés par l'entreprise Syngenta, les 70 familles qui occupaient, décidèrent d'abandonner les lieux en juillet 2007, et de se transférer à l'asentamiento (occupation de terre légalisée) voisin Olga Benario, dans l'attente de la solution définitive.
En octobre, il revinrent occuper le domaine - évidemment sans armes- pour reprendre leurs activités en faveur des semences créoles et de l'agro-écologie, comme une mesure de pression pour une résolution légale du conflit. C'est à ce moment-là qu'ils furent sauvagement attaqués avec des armes à feu par l'entreprise de sécurité NF contractée par Syngenta

( extrait de « Syngenta : milices privées et assassinats au Brésil » – Silvia Ribero – 31 octobre 2007 –La Jordana -
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=7226)

Mais au delà de ces évènements tragiques qui en disent long sur le cynisme des multinationales de l'agro-business, l'identité même des protagonistes est hautement symbolique : d'un côté des paysans du Mouvement des Sans Terre, qui sont parmi les plus démunis de la planète et qui se battent pour leur souveraineté alimentaire ; de l'autre côté une multinationale toute puissante qui veut, avec quelques autres, assurer le contrôle de l'alimentation mondiale en s'appropriant l'un des biens communs de l'humanité les plus précieux que sont les semences. Il est d'ailleurs révélateur que, l'expropriation de Syngenta devait permettre d'établir un centre de référence en Agro-écologie destiné notamment à la production de semences accessibles à tous et sans brevets.

Et les OGM dans tout cela ? Grâce au brevet sur le vivant, ils donnent aux multinationales un droit de propriété exorbitant sur les semences. De plus, ils sont devenus à la fois la caution et le fer de lance d'une agriculture toujours plus productiviste avec son cortège de pollutions, d'appauvrissement des sols, d'érosion de la biodiversité... et de disparition des paysans. Ainsi, quand ils ne contribuent pas à les tuer directement, les OGM sont une véritable arme de guerre contre les paysans.

27 oct. 2007

Attaque d'un groupe armé de la Syngenta contre des militants anti OGM de Via Campesina brésil : 1 mort, 5 blessés

Communiqué de presse de Via Campesina Brésil du 21/10/2007

Lors d'une attaque d'un groupe armé d'environ 40 mercenaires contre le campement de Via Campesina sur les champs de recherche d'OGM de la multinationale Syngenta Seeds, à Santa Tereza do Oeste (Paraná-Brésil), Valmir Motta, 42 ans, père de trois enfants, membre de la Via Campesina a été exécuté à bout portant par deux balles dans la poitrine. Les blessés, Gentil Couto Viera, Jonas Gomes de Queiroz, Domingos Barretos, Izabel Nascimento de Souza et Hudson Cardin ont été ammenés à l'hôpital de la région. Izabel est dans le coma et ses jours sont en danger.

Les champs de recherche d'OGM de la Syngenta ont été occupés le matin du 21 octobre 2007 par 150 agriculteurs de la Via Campesina. Ces champs avait été occupés auparavant par des familles paysannes en mars 2006, afin de dénoncer la reproduction illégale de semences génétiquement modifiées de soja et maïs auprès des autorités et de la société civile. Cette occupation porte aux yeux du monde les crimes de la Syngenta.

Après 16 mois de résistance, 70 familles avaient quitté ces mêmes plantations OGMs le 18 juillet de cette année pour former le campement "Olga Benario", situé aussi dans la commune de Santa Tereza do Oeste.

Aujourd'hui, lors de la réoccupation de ces champs, vers 13h30, un petit bus s'arrête devant l'entrée principale de la propriété et un groupe d'environ 40 mercenaires fortement armés sortent, forcent le portail, et executent froidement Valmir Motta avec deux balles dans la poitrine; ils tirent sur autres cinq paysans et tabassent Izabel do Nascimento de Souza, qui se trouve actuellement gravement blessée à l'hôpital.

Syngenta a engagé des services de sécurité qui opérent irrégulièrement dans cette région. Ils sont organisés et financés par la Société Rurale de la Région Oueste (Sociedade Rural da Região Oueste, SRO) et le Mouvement des Producteurs Ruraux (Movimento dos Produtores Rurais, MPR). Au début du mois, un des directeurs de cette entreprise de sécurité, nommée "NF", a été arrêté et le directeur général s'est enfuit pendant l'opération de police fédérale qui a suivit. Celle-ci a permis de découvrir des munitions et des armes illegales stockées dans leur siège social.

NF est une entreprise écran qui engage illégalement d'autres agents de sécurité pour des opérations illégales, comme des expulsions violentes d'occupations, ou des attaques contre les installations de paysans sans terre de la région.

Triste coincidence, le 18 octobre, une dénonciation des actions de ce groupe armé en relation avec le SRO/MPR et la Syngenta dans la région Ouest a été prononcée pendant une audience publique de la Commission des Droits de l'Homme et des Minorités de la Chambre Fédérale des Députés (CDHM), organisée à Curitiba.

Via Campesina exige une enquête judiciaire immédiate concernant cette attaque contre les paysans du campement, qui, avec les familles du campement Olga Benário, luttent pour transforner les champs de recherche en un Centre d'agriculture organique et de culture de sémences créoles (originaires de la région) pour l'agriculture familiale et la réforme agraire.

Les habitants du village rural Olga Benário, proches des champs de recherche de la Syngenta, sont entré en lutte contre ces champs de recherches d'OGM, parce qu'ils contaminent leur production de semences créoles et les rendent insuffisantes à leur alimentation et dangereuses pour leur santé et leur l'environnement.

Via Campesina

Informations pour la presse:
55-41-3324-7000 et 55-41-8411-9794 (demander Solange)
comunicacaopr@mst.org.br

4 sept. 2007

Brésil : un nouveau modèle de réforme agraire


Entretien avec J.P. Stédile par Fernando Sampaio

Le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) considère que le modèle de réforme agraire classique a été vidé de son contenu « par les élites brésiliennes qui ont adhéré au néolibéralisme, un modèle dominé par le capital financier et international ». Il propose au gouvernement brésilien un plan à moyen et long terme pour l'agriculture brésilienne en lien avec un nouveau type de réforme agraire. Lire la suite...



20 juil. 2007

Interview de Paolo Freire

Document fantastique ! Malheureusement pas traduit mais pour ceux qui comprennent un peu le portugais ... régalez vous :

Cette interview a été réalisé juste après la première marche pour la Réforme agraire du MST en 1997.




11 juil. 2007

Souveraineté alimentaire et diversité culturelle

SOUTENIR LE MOUVEMENT PAYSAN INTERNATIONAL:
Vu dans la presse: La diversité culturelle fait partie des grandes revendications de ce temps marqué par la mondialisation et par l’émergence d’une marchandise culturelle valable pour tous les pays. Une aberration. La défense de l’exception culturelle rejoint la lutte des paysans pour la souveraineté alimentaire, position défendue par Via Campesina, structure regroupant toutes les organisations du monde paysan voulant se battre contre le « tout à l’exportation ». Il fallait bien que les deux mondes se rencontrent. Ils ont, c’est évident, plus d’un point commun. La « bouffe » est aussi un phénomène culturel...Cet album Daqui (« d’ici », en occitan), un label créé en 1998, veut aussi établir des ponts entre toutes ces luttes. Il le fait en réunissant des musiciens classés dans les « musiques du monde » - ils et elles en profitent pour démontrer qu’ils savent ce que modernité veut dire - et des extraits de discours des leaders de ce monde paysan en ébullition. Le plus souvent - il faut bien le dire -, les bons sentiments se marient mal avec la réalisation d’un véritable travail artistique. Ce CD est une exception. Votre plaisir sera total. À la fois, vous ferez une action militante - en vue du premier forum mondial pour la souveraineté alimentaire - et vous prendrez plaisir à écouter ces musiciens du monde entier (« Via Campesina », Daqui distribué par Harmonia Mundi). Nicolas Bénies, Rouge

Souveraineté alimentaire et diversité culturelle vont de pair. Défendre l'agriculture paysanne et vivrière, revendiquer le droit des peuples et de leurs Etats à définir leur politique agricole et alimentaire revient à défendre et à promouvoir les langues et les cultures locales et ainsi à revendiquer la diversité culturelle partout dans le monde.

Tous les artistes qui figurent sur cette compilation ont participé aux Nuits Atypiques de Langon. Certains sont des artistes de réputation internationale, d'autres sont des musiciens moins connus du grand public. Ils viennent de différents pays, n'ont pas la même couleur de peau, la même culture, la même langue. Ce qui les rassemble, ce sont leurs différences et leur conception d'un monde fraternel et solidaire. Dans leur singularité artistique, ils expriment leur propre subjectivité, tout en illustrant la réalité plurielle de notre monde.

Patrick Lavaud

Nieleny 2007, Forum Mondial pour la Souveraineté Alimentaire
Plus de 860 millions de personnes souffrent chroniquement de la faim. 30 millions de personnes en meurent. Paradoxe insupportable, les trois-quarts de ces personnes sont des paysannes et des paysans sensés « vivre de l'agriculture ». Les politiques néolibérales imposées par l'OMC depuis le milieu des années 1990 n'ont fait qu'aggraver la crise économique qui frappe des centaines de millions de personnes, dans les pays du sud comme dans les pays du nord. En démantelant les protections douanières, elles ont créé les conditions d'un vaste marché mondial où les multinationales règnent en maîtres.

Un collectif regroupé autour des Amis de la Terre International, de Vía campesina, de la Marche des Femmes, des Réseaux Mondiaux d'Artisans pêcheurs, s'est créé pour organiser Nyéléni 2007, le forum mondial pour la souveraineté alimentaire.

600 délégués, originaires des cinq continents et représentant les secteurs de la société intéressés par les questions agricoles et alimentaires, viendront au Mali en février 2007. Cette rencontre permettra de réaffirmer le droit à la souveraineté alimentaire et de préciser ses implications économiques, sociales, environnementales et politiques. Elle visera également à mettre en place une dynamique internationale pour obtenir une reconnaissance effective du droit à la souveraineté alimentaire. Les organisateurs ont souhaité que cette rencontre se réalise en Afrique où l'agriculture occupe une place centrale et où de nombreuses familles paysannes et urbaines souffrent de la faim malgré les ressources naturelles importantes.

Le choix s'est naturellement porté vers le Mali, pays démocratique où les organisations de la société civile, qu'elles soient associatives ou syndicales, jouissent d'une liberté d'action et d'expression. Le Mali est l'un des premiers pays de la planète à avoir fait de la souveraineté alimentaire l'objectif prioritaire de sa nouvelle loi d'Orientation Agricole.

Nyéléni 2007 se déroulera à Sélingué, petit village situé à 90 minutes de Bamako. Le choix de ce lieu nécessitera la construction d'un centre d'hébergement, composé de cases traditionnelles et de cases améliorées, pour loger une partie des délégués. Ces infrastructures seront récupérées par les organisations maliennes associées à l'événement afin de servir de Centre de formation et de rencontres. Au delà des questions agricoles et alimentaires, Nyéléni 2007 veut créer les conditions d'émergence d'un vaste débat citoyen sur la souveraineté alimentaire, loin des corporatismes et de la défense des intérêts sectoriels.

VÍA CAMPESINA remercie les nombreux artistes qui ont accepté de soutenir Nyéléni 2007. La diversité de leurs musiques et de leurs chansons s'enracine dans les cultures paysannes encore bien vivantes sur notre planète. Leur aide et votre soutien nous permettront de concrétiser ce projet politique qui nous tient à cœur.

José Bové - Vía Campesina

VÍA CAMPESINA
La Vía Campesina est un mouvement international composé d'organisations paysannes de petits et moyens agriculteurs, de travailleurs agricoles, de femmes ainsi que par des communautés indigènes d'Asie, d'Afrique, d'Amérique et d'Europe. C'est un mouvement autonome, pluraliste et indépendant de tout mouvement politique, économique ou autre. Il est composé d'organisations nationales et régionales qui préservent jalousement leur autonomie. Le mouvement s'organise en 8 régions: Europe, Asie du Nord-Est et du Sud-Est, Asie du Sud, Amérique du Nord, Caraïbes, Amérique centrale, Amérique du Sud et Afrique.

La souveraineté alimentaire
La souveraineté alimentaire désigne le DROIT des populations, de leurs Etats ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis à vis des pays tiers. La souveraineté alimentaire inclut :

la priorité donnée à la production agricole locale pour nourrir la population, l'accès des paysan(ne)s et des sans-terre à la terre, à l'eau, aux semences, au crédit. D'où la nécessité de réformes agraires, de la lutte contre les OGM (organismes génétiquement modifiés) pour le libre accès aux semences, et de la sauvegarde de l'eau comme un bien public à répartir durablement.
le droit des paysan(e)s à produire des aliments et le droit des consommateurs à pouvoir décider ce qu'ils veulent consommer.
le droit des Etats à se protéger des importations agricoles et alimentaires à trop bas prix.

des prix agricoles liés aux coûts de production : c'est possible à condition que les Etats ou Unions aient le droit de taxer les importations à trop bas prix, qu'ils s'engagent pour une production paysanne durable et qu'ils maîtrisent la production sur le marché intérieur pour éviter des excédents structurels.
la participation des populations aux choix de politique agricole.
la reconnaissance des droits des paysannes, qui jouent un rôle majeur dans la production agricole et l'alimentation.

Les armes ne tirent pas des roses...

Nouveau documentaire sur l'assassinat de sans terre dans le Pernambouco. Pas encore de traduction, mais ça viendra:




Ficha Técnica
Duração: 14 min
Direção: Maria Luísa Mendonça e Thalles Gomes
Roteiro: Joba Alves, Marluce Melo, Maria Luísa Mendonça e Thalles Gomes
Produção: Cássia Bechara, Ana Emília Borba e Natália Paulino
Trilha sonora: Grupo Galante e Ivan Vilella
Realização: Comissão Pastoral da Terra (CPT), Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra (MST) e Rede Social de Justiça e Direitos Humanos

Sinopse
Na madrugada de 9 de junho de 1997, pistoleiros atacaram o acampamento do Engenho Camarazal, na Zona da Mata Norte de Pernambuco, uma região dominada pela monocultura da cana. Eles chegaram atirando contra trabalhadores rurais Sem Terra acampados na área. Cinco trabalhadores ficaram feridos, inclusive duas crianças. Pedro Augusto da Silva e Inácio José da Silva foram assassinados depois de terem sido brutalmente torturados.

O caso ficou conhecido como o Massacre de Camarazal. No mesmo ano. o Engenho Camarazal foi desapropriado para Reforma Agrária e o novo assentamento passou a se chamar Assentamento Pedro e Inácio. Dez anos se passaram e até hoje ninguém foi punido pelo assassinato dos dois agricultores.

O filme “Armas não Atiram Rosas” é uma denúncia contra a impunidade dos crimes cometidos pelo latifúndio e uma mostra da força do povo, que mesmo ameaçado, mesmo perdendo entes e companheiros queridos, segue lutando por justiça e liberdade.

30 juin 2007

Editorial de la revue VOLCANS :

Le pape et les sans terre

C’est au Brésil, devant la conférence des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes, que le pape a affirmé : l’évangélisation des Indiens « n’a comporté à aucun moment une aliénation des cultures précolombiennes et n’a pas imposé une culture étrangère ». Il a, depuis, fait amende honorable. Mais il a malgré tout tenu à souligner « l’œuvre merveilleuse » accomplie « avec la grâce de Dieu » par les évangélisateurs en Amérique latine.

Au Brésil l’évangélisation a été menée de pair avec l’instauration d’une société esclavagiste à grande échelle. Cela concernait les esclaves acheminés depuis l’Afrique noire mais aussi les indigènes réduits en esclavage après la confiscation de leurs terres et la création des « capitaineries héréditaires », immenses propriétés concédées à des aristocrates portugais.

Assez tôt, des esclaves ont pu fuir leur condition et se regrouper dans des zones difficilement accessibles où ils vivaient en communauté, les palmares. L’un d’entre eux, Zumbi dos Palmares, s’est fait connaître en prenant la tête d’une longue révolte contre le pouvoir des capitaines. Né en 1655 au quilombo dos Palmares qui pouvait compter alors quelque 30 000 personnes, il est fait prisonnier encore enfant par un chasseur d’esclave. Le père Antonio Melo qui en reçoit la charge, le baptise Francisco et s’efforce de le faire échapper à « sa condition de sauvage », en l’initiant au portugais, au latin et à la religion catholique. Mais Zumbi s’enfuit à l’âge de 15 ans pour rejoindre Palmares. Intraitable, il refusera de se rendre jusqu’à sa capture et sa décapitation en 1794.

Les sans terre du Brésil célèbrent la mémoire de Zumbi. S’il avait retardé de quelques semaines son voyage et, plutôt que de s’adresser à un cénacle d’évêques d’obédience Opus Dei, avait écouté la foule rassemblée pour le Ve congrès du Mouvement des sans terre (MST), le pape aurait pu comprendre que pour eux, les « bienfaits de l’évangélisation » signifiaient d’abord des siècles de spoliation et de déshumanisation.

Lula avait promis une profonde réforme agraire. Après sa première élection il s’est seulement engagé à distribuer 400 000 parcelles. Il prétend aujourd’hui avoir pratiquement atteint cet objectif mais le MST dénonce un tour de passe-passe : alors que la réalité se chiffre à 40 000, le gouvernement inclut dans son décompte des exploitations depuis longtemps distribuées mais qui viennent seulement d’obtenir un titre de propriété. Le MST estime à 230 000 le nombre de familles installées dans des campamentos au bord des routes, en attente de se voir attribuer une parcelle.

A cette lutte pour la terre, toujours aussi actuelle – 1 % de la population possède encore 46 % des terres cultivables –, le MST entend associer la lutte pour une autre agriculture. Après le soja et le coton, le gouvernement Lula s’apprête à légaliser les cultures de maïs transgénique. La production à très grande échelle de cultures destinées aux biocarburants menace de ruiner définitivement la petite exploitation agricole. Plus encore, elle est porteuse de désastres écologiques sans précédent. Des esclaves marrons d’hier aux sans terre d’aujourd’hui, la révolte seule est porteuse d’avenir.

29 juin 2007

L’agroénergie et le rôle-clé joué par les petits producteurs

par Pedro Carrano

Le premier moment du cycle de débats organisé par l’hebdomadaire Brasil de Fato [lié au MST brésilien] et par l’organisation Via Campesina (organisation internationale des petits paysans et de sans-terre dans laquelle le MST joue un rôle important) pose l’agroécologie comme étant le point de départ dans la production d’agroénergie.

Le cycle de débats «L’agroénergie au Brésil, ses potentiels et les défis posés» a été conçu comme une activité parallèle au programme de la 6ème Journée d’Agroécologie qui a eu lieu le jeudi 12 juillet passé à Cascavel, dans l’Etat de Paraiba [Etat du Nordeste brésilien]. Dans tous les débats, l’accent a été mis sur la nécessité d’une production d’énergie d’origine végétale qui soit effectuée par des petits producteurs.

Selon les participants au débat de Cascavel, ce n’est que de cette manière que l’agroénergie pourra conduire à la souveraineté alimentaire et énergétique, dans la mesure où elle sera appuyée par un projet développé par des entreprises publiques telles que la Petrobrás [société transnationale pétrolière brésilienne, étatique, mais qui représente le bras de politico-économique du capital brésilien].

L’agroénergie est caractérisée par l’énergie et par des combustibles obtenus à partir de cellulose, de graines oléagineuses ou de sucres tirés de la canne à sucre. Ont participé à la discussion : le Père Sergio Antônio Görgen (Via Campesina), Claudio Dode (Petrobrás) et l’ingénieur agronome Horácio Martins.

Le cycle de débats est une initiative de la Via Campesina en partenariat avec le journal Brasil de Fato, et sous le patronage de la Petrobrás. Le second événement est fixé au 18 juillet, à Belo Horizonte, dans l’Etat de Minas Gerais. L’objectif est de lancer le débat sur le thème de l’agroénergie et de faire connaître à la société et jusqu’à la base des mouvements sociaux les plus reculés les projets et les luttes de classes qui caractérisent le sujet.

En accord avec João Pedro Stedile, dirigeant nationale de la Via Campesina au Brésil, il s’agit d’un effort commun, d’un véhicule de communication alternative entre le mouvement social et une entreprise d’Etat.

Rareté du pétrole

En tant que modérateur de la rencontre de Cascavel, Stedile a d’emblée déclaré que l’urgence de l’agroénergie surgit de la compréhension du fait que le pétrole se fait de plus en plus rare. Aujourd’hui, le valeur du baril de pétrole avoisine les U$ 70 dollars (environ R$ 150 reais), mais pourrait atteindre les U$ 100 dollars dans un futur proche. Le dirigeant du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST) a également mis en évidence le processus de prise de conscience dans l’opinion publique du fait que le modèle actuel de production et de consommation d’énergie est écologiquement insoutenable.

Stedile a fait une lecture des projets qui sont actuellement en concurrence autour de l’agroénergie. Si quelques-uns parmi eux impliquent des risques pour la production des petits agriculteurs, d’autres en revanche peuvent exploiter le potentiel et la viabilité de cette forme de production. La production d’énergie peut se faire par exemple en partenariat entre les petites agriculteurs et la Petrobrás. Une autre proposition serait une petite usine sous le contrôle des paysans, organisés en coopératives.

L’orateur a également parlé de la possibilité d’une production faite à partir de micro-usines familiales, dans lesquelles la génération d’énergie électrique se ferait sur place, de façon rationnelle et intégrée avec les cultures et avec la production d’huiles végétales.

Pour finir, il a présenté une proposition faite par l’ingénieur physicien Bautista Vidal concernant la création d’une entreprise étatique d’agroénergie. Il a été clair au long de tous les exposés que l'agriculture familiale présente un modèle de production alternative pour l'agroénergie, mais que cela ne peut se produire que s’il existe des programmes gouvernementaux d’appui à cette production, puisque celle-ci ne doit pas être soumise aux lois du marché.

Sans transgéniques ni monocultures

Dans son exposé, Cláudio Dode, de la Petrobrás, a insisté sur le fait que le programme de l'entreprise d’Etat qu’il représente est fondé sur l’idée de partenariats avec l’agriculture familiale, à partir de décisions prises par les communautés. Les projets de l’entreprise sont pensés en terme de polycultures, et non de monocultures. Selon Dode, la production d’agroénergie par cette entreprise d’Etat ne peut se faire qu’au sein d’un projet d’emploi et de revenu, et la production d’huile végétale ne peut être enlevée au petit producteur. Le représentant de la Petrobrás a également écarté la possibilité de travailler avec des cultures transgéniques. «Dans les programmes dans lesquels l’agriculteur fournit la matière première pour être industrialisée, la base du projet est l’agroécologie», a-t-il commenté.

Le Père Sergio Antônio Görgen, de son côté, croit que l’agroénergie apporte un changement structurel pour la société, et c’est pour cela que le sujet ne peut être abordé sans la présentation d’alternatives pratiques. Görgen précise que le Brésil possède les caractéristiques lui permettant de devenir le premier dans la production de bioénergie : un sol fertile, une main-d’œuvre en quantité et des réserves d’eau bien distribuées. Et surtout, le Brésil est le pays tropical disposant du plus grand territoire exposé au rayonnement du soleil.

Le dirigeant de Via Campesina a exposé les principes de la production de bioénergie appliqués par les petits producteurs. La production ne doit en aucun cas provoquer de substitution aux aliments, et doit de pour cela être basée sur différents types de cultures. Le contrôle des travailleurs sur la production doit être complet. «L’agriculteur ne peut pas produire de la matière première sans une valeur ajoutée, il est nécessaire de contrôler le maximum possible de la chaîne productive, en ayant recours à d’autres forces», a-t-il dit. La construction de ce projet n’est possible qu’en collaboration avec des entreprises publiques et notamment avec la Petrobrás, selon Görgen.

Les risques pour les cannaies

L’ingénieur agronome et chercheur Horácio Martins, à la fin de tous ces exposés, a analysé le projet du capitalisme mondial pour l’agroénergie au Brésil. L’objet de sa recherche détaillée est la culture de la canne à sucre. En accord avec le chercheur, le nombre de projets d’usines se monte actuellement de 189, dont 77 ont déjà obtenu l’autorisation.

La préoccupation majeure exprimée par l’ingénieur agronome est que la production agricole de matière végétale soit tournée vers l’exportation. Selon lui, la récolte de 2007/2008 va produire pour 20 milliards de reais de litres d’alcool, avec l’objectif de fournir le mélange de 25% d’alcool exigé dans l’essence. Même ainsi, la plus grande partie de la production sera destinée à l’exportation.

Pour Martins, la non-viabilité du modèle actuel de société exige des formes alternatives de production et de consommation. «Nous avons besoin d’une nouvelle conception de société, de rupture avec cette conception individualiste, nous devons changer le modèle de référence européen et nord-américain. Nous avons besoin de gouvernements populaires avec, à la base, des paysans pouvant produire leur autonomie, au moyen de petites et moyennes usines. Le paysan doit croire qu’il est lui est possible de subvenir à ses besoins en tant que producteur», affirme Martins. (Trad. A l’encontre)

22 juin 2007

Les Sans Terre brésiliens accusent l'état d'empêcher la réforme agraire.

Échos du Vème Congrès National du Mouvement des travailleurs ruraux Sans Terre.


Brasília, le 16 juin 2007

Marche des Sans Terre devant le Palais présidentiel - Brasilia. Photo: Julien Terrié.

¨Réforme agraire, pour la justice sociale et la souveraineté populaire¨ c'est le slogan choisi par le Mouvement des Sans Terre pour son Véme congrès national tenu du 11 au 15 juin 2007 à Brasília. "Justice sociale" en opposition aux politiques seulement compensatoires de Lula et "souveraineté populaire" pour plus de démocratie, de souveraineté alimentaire et de luttes anti-impérialistes au Brésil.


Dans le gymnase Nilson Nelson de Brasilia, 17.500 délégués, dont 40% de femmes, toutes et tous élu(e)s par les militants des terres conquises ou encore en occupation par le MST, 181 invités internationaux représentants 21 organisations paysannes de 31 pays et ami(e)s de divers mouvements et entités sont venus discuter des futures tâches politiques du Mouvement et de son positionnement par rapport au gouvernement Lula.

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16 juin 2007

Carte du cinquieme congrès national du Mouvement des Sans Terre


Nous, les 17.500 travailleurs et travailleuses ruraux Sans Terre, de 24 états du Brésil, 181 invités internationaux représentants 21 organisations paysannes de 31 pays et ami(e)s de divers mouvements et entités, réunis á Brasilia du 11 au 15 juin 2007, au cours du cinquième congrès national du MST, pour discuter et analyser les problèmes de notre société à la recherche de solutions alternatives.

Nous nous sommes engagés à continuer d'aider l'organisation du peuple, pour qu'il lutte pour ses droits et contre les inégalité et les injustices sociales. Pour cette raison, nous nous engageons á assumer les tâches suivantes:



  1. Articuler avec tous les secteurs sociaux et leurs diverses formes d'organisation pour bâtir un projet populaire qui affronte le néolibéralisme, l'impérialisme et les causes structurelles des problèmes qui affecte le peuple brésilien.

  2. Défendre nos droits contre n'importe quelle politique qui retire des droits déjà conquis.

  3. Lutter contre les privatisations du pâtrimoine public, contre la transposition du Rio São Francisco et pour la renationalisation des entreprises publiques déjà privatisées.

  4. Lutter pour que tous les latifundios (grandes propriétés) soient expropriés en priorité ceux qui dépendent de capitaux étrangers et des banques.

  5. Lutter contre la déforestation servant à l'extension des latifundio. Exiger du gouvernement des actions concrêtes pour punir ces pratiques polluantes et criminelles. Combattre l'utilisation de produits agrotoxiques et la monoculture extensive de soja, canne à sucre, eucalyptus, etc.

  6. Combattre les entreprises multinationales qui veulent contrôler les semences, la production et le commerce agricole brésilien comme la Monsanto, Syngenta, Cargill, Bunge, ADM, Nestlé, BASF, Bayer, Aracruz, Stora Enso, entre autres. Les empêcher de continuer l'exploitation de notre patrimoine naturel et de notre main d'oeuvre.

  7. Exiger la fin immédiate du travail esclave, la super exploitation du travail et la condamnation de ceux qui le pratique. Tous les latifundio qui utilisent le travail esclave doivent être expropriés, sans aucune indemnisation, comme le prévoit le projet d'amendement constitutionnel déjà voté en première lecture par la chambre des députés.

  8. Lutter contre toute forme de violence en milieu rural, comme par exemple la criminalisation des mouvements sociaux. Exiger la condamnation pour tous les auteurs d'assassinats – exécuteurs comme demandeurs – de lutteurs et lutteuses pour la réforme agraire encore impunis et dont les procès sont suspendus par le pouvoir judiciaire.

  9. Lutter pour la limitation de la taille des propriétés foncières. Pour la démarcation des toutes les terres indigènes et des quilombos (terres agricoles occupées des esclaves en fuite) encore existants.

  10. Lutter pour que la production d'agrocombustible soit sous le contrôle des paysans et des travailleurs ruraux et qu'elle entre dans le cadre d'une polyculture préservant l'environnement et visant à la souveraineté énergétiques de chaques régions.

  11. Défendre les semences natives ou créoles. Lutter contre les semences OGMs. Diffuser et enseigner les pratiques agroécologiques et techniques agricoles respectant l'équilibre de l'environnement. Les assentamentos (terres conquises) et communautés rurales doivent produire prioritairement des aliments sans toxiques et pour le marché interne.

  12. Défendre toutes les sources et réserves d'eau douce. L'eau est un bien commun de l'humanité, elle ne peut être la propriété privé d'aucune entreprise.

  13. Préserver les forêts et promouvoir la culture d'arbres natifs et fruitiers dans tous les assentamentos et communautés rurales pour contribuer à la preservation de l'environnement et la lutte contre la disparition de réserves.

  14. Lutter pour que la classe travailleuse ait accès á l'éducation fondamentale, aux écoles de second grade et aux universités publiques, gratuites et de qualité.

  15. Developper des campagnes et programmes pour éliminer l'analphabetisme à la campagne comme en ville, avec une orientation pédagogique transformatrice.

  16. Lutter pour que chaque assentamento et communité rurale aient leur propre moyens de communication populaire comme par exemple des radios libres communautaires. Lutter pour la démocratisation de tous les moyens de production dans toute la sociéte pour contribuer à la formation de la conscience politique et la valorisation de la culture populaire.

  17. Fortifier l'articulation des mouvements sociaux dans le cadre de la Via Campesina Brésil, dans tous les Etats et toutes les régions. Constituer avec les mouvements sociaux l'Assemblée Populaire dans les villes, les régions et les Etats.

  18. Contribuer à la construction de tous les mécanismes possibles d'intégration populaire Latino Américaine autour de l'ALBA – ALternative Bolivarienne des peuples d'Amérique. Exercer la solidarité internationale avec les peuples qui souffrent de l'agression de l'empire, spécialement aujourd'hui avec les peuples de CUBA, d'HAITI, d'IRAK et de PALESTINE.

Nous nous appelons à ce que le peuple brésilien s'organise et lutte pour une société juste et égalitaire qui sera possible seulement avec la mobilisation du peule dans son ensenble. Les grandes transformations sont toujours l'oeuvre du peuple organisé. Et, nous du MST, nous nous engageons à ne jamais perdre l'espérance et lutter toujours.



REFORME AGRAIRE pour la Justice Sociale et la Souveraineté Populaire !

Traduction Julien Terrié pour le secteur des relations internationales du MST (Groupe de Solidarité France : http://amisdessansterre.blogspot.com/)


à Brasilia, le 15 juin 2007

26 févr. 2007

Mouvement des travailleurs sans terre : la difficile construction d’un monde nouveau

par Raúl Zibechi

« Abattre les clôtures du latifundio n’était pas aussi difficile que de combattre les kits technologiques des transnationales », affirme Huli, assis dans sa cuisine, tandis qu’il verse de l’eau chaude dans le maté que nous partageons, et que son jeune fils gambade dans la maison. Il raconte que les paysans organisés dans le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST, du Brésil) ont rêvé pendant des années de conquérir leur terre et croyaient que cela résoudrait tous leurs problèmes : l’alimentation de leurs enfants, une vie digne construite par le travail dur au champs, l’éducation, la santé et le logement. Toutefois, la réalité s’est montrée beaucoup plus difficile, des surprises qu’ils n’avaient jamais imaginées les attendaient.

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17 févr. 2007

PETITION POUR LA LIBERATION DE MARCELO BUZETTO

Marcelo Buzetto, militant du MST est actuellement emprisonné, il a besoin de nous. Nous pouvons l'aider en envoyant cette lettre au président du tribunal suprême fédéral de Brasilia.
Envoyez une copie du mail aussi à oziel1996@gmail.com pour qu'on puisse faire remonter au MST. Mettez en objet: "liberação de Marcelo Buzetto".

Merci d'avance.

_____________________________________________

DATE ........................

NOM ......................... PRENOM .........................
LIEU DE RESIDENCE ................................................

DESTINATAIRE

Monsieur Joaquim BARBOSA
Président du Tribunal Suprême Fédéral
Brasilia BRESIL

e-mail : gabminjoaquim@stf.gov.br

Monsieur le Président,

Je suis particulièrement préoccupé par la façon dont la liberté de manifestation et la liberté politique sont traitées par la justice au Brésil, tout particulièrement dans le cas de Marcelo BUZETTO.
Marcelo BUZETTO, professeur à l'Université Méthodiste de São Bernardo do Campo et à la Fondation Santo André, toutes deux situées dans l'état de São Paulo, fait un doctorat de Sciences sociales à l'Université Pontificale Catholique de São Paulo. Son engagement pour la défense des droits humains au Brésil et en Amérique latine est connu, notamment dans les cas d'emprisonnement de militants des causes populaires.

Le 28 mai 1999, Marcelo BUZETTO visitait un campement de travailleurs sans terre à Porto Feliz ( état de São Paulo ) où il collaborait à un projet d'école rurale. Il fut arrêté en sortant du campement et accusé d'avoir participé à une manifestation au cours de laquelle des travailleurs affamés s'approprièrent de la nourriture.Il effectua 28 jours de prison préventive, sans justification légale, puis fut relaché dans l'attente d'un jugement. Il y fut condamné, de façon particulièrement sévère au regard des faits retenus contre lui, à 6 ans et 4 mois de réclusion en régime de semi liberté, ce dont il fit appel.

Le 19 janvier 2007, alors qu'il se présentait au tribunal de São Bernardo do Campo dans le cadre de l'accomplissement des obligations de la semi liberté, il fut arrêté et emprisonné dans une cellule avec 17 autres détenus.La procédure en appel n'étant pas terminée, ceci est contraire à la Constitution du Brésil.Face à cette situation qui met en évidence le caractère politique de son incarcération, j'ai l'honneur de vous demander de faire libérer Marcelo BUZETTO.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma haute considération.

SIGNATURE

23 janv. 2007

Les Sans Terre brésiliens accusent l'état d'empêcher la réforme agraire.

Échos du Vème Congrès National du Mouvement des travailleurs ruraux Sans Terre.


Brasília, le 16 juin 2007


Marche des Sans Terre devant la cathédrale de Brasilia. Photo: Julien Terrié.

¨Réforme agraire, pour la justice sociale et la souveraineté populaire¨ c'est le slogan choisi par le Mouvement des Sans Terre pour son Véme congrès national tenu du 11 au 15 juin 2007 à Brasília. "Justice sociale" en opposition aux politiques seulement compensatoires de Lula et "souveraineté populaire" pour plus de démocratie, de souveraineté alimentaire et de luttes anti-impérialistes au Brésil.


Dans le gymnase Nilson Nelson de Brasilia, 17.500 délégués, dont 40% de femmes, toutes et tous élu(e)s par les militants des terres conquises ou encore en occupation par le MST, 181 invités internationaux représentants 21 organisations paysannes de 31 pays et ami(e)s de divers mouvements et entités sont venus discuter des futures tâches politiques du Mouvement et de son positionnement par rapport au gouvernement Lula.


Le seul mouvement qui a su obtenir des victoires significatives face au libéralisme (20 millions d´hectares conquis aux latifundistes en 22 ans de lutte pour la terre) se réunissait pour la première fois en congrès depuis l´élection de Lula. Jusque là, le mouvement des Sans Terre avait pris la position suivante : être en soutien au gouvernement Lula, qui, dans la conjoncture brésilienne, à la place et le pouvoir d´être un gouvernement de dispute face à la classe dominante... L´analyse peut paraître un peu optimiste aux vues de la teneur très libérale des deux dernières campagnes électorales de Lula, pourtant le MST a considéré que les premières années de gouvernement pétiste contribueraient à l´accumulation de force pour le Mouvement.
Les faits leur donne raison. une vague d´occupation massive en 2003 appelée "Avril Rouge" a lancé dans la lutte pour la terre des familles encore hésitantes, la présence de Lula au sommet de l'état inspirant confiance dans la perspective d'une victoire possible.


Cette position politique a permis aussi de pacifier les relations avec le pouvoir (toujours très répressif contre les sans terre) et le Mouvement s´est centré sur une tâche principale: la formation de cadres. Il faut noter qu´un pas énorme a été fait dans en ce qui concerne l´organisation interne du MST et ce congrès à la taille vertigineuse en est la preuve. La période coïncide aussi avec l´ouverture de l´École Nationale Florestan Fernandes (père de la sociologie brésilienne et militant pour la révolution socialiste au Brésil) à São Paulo, véritable usine de formation politique de masse. Le MST a formé, formé, formé... et des cadres politiques ont pu se libérer pour des tâches nécessitant une implication très importante. L' influence du Mouvement s'en est décuplée et on peut le mesurer à trois évènement majeurs:


  • La contribution totale du MST à l´organisation du FSM de Porto Alegre en 2005 (jusque là le MST participait au forums alternatifs), avec la venue de Hugo Chavez et la conclusion d´accords bilatéraux MST/gouvernement vénézuélien dans le cadre de l´ALBA sur la formation en agronomie et le soutien politique et humain du MST au Frente Nacional Ezequiel Zamora, mouvement pour la réforme agraire au Venezuela.

  • La marche pour la Réforme Agraire de mai 2005, 12.000 Sans Terre ont marché sur 300 kms pour demander à Lula l'application de sa promesse d´installation de 400.000 familles Sans Terre (85.000 en réalité aujourd´hui, selon le MST)

  • Enfin, ce Vème congrès du MST, le plus gros congrès jamais organisé par un mouvement social au Brésil. Avec un niveau politique et une quantité d´activités parallèles (culturelles, échanges internationaux, école itinérante, congrès de 1500 jeunes Sans Terre) qui confirme le statut de force politique majeure du MST.

La position "light" du MST permettait aussi, même si la dérive libérale de Lula était déjà prévisible et prévue par le Mouvement, de juger le gouvernement sur ses actes ce qui a facilité l´adhésion de la base des Sans Terre (très favorable à Lula comme la majorité des pauvres brésiliens) aux nouvelles thèses du MST.


Caractérisation du gouvernement Lula


Le lundi 11 Juin, Marina dos Santos (membre de la direction nationale du MST) ouvre le Vème congrès national du MST par un discours qui prends aux tripes les 20.000 personnes assises et donne tout de suite le "la" : "Notre Vème congrès doit être une date dans l'histoire de la classe travailleuse. Une date dans la lutte contre l'impérialisme, une date dans la lutte contre les politiques néo-libérales de ce gouvernement, une date dans la lutte pour une loi limitant la taille des propriétés et une affirmation de l'apprentissage de Florestan Fernandes : ne pas se laisser coopter, ne pas se laisser détruire et obtenir des conquêtes pour le peuple."


Le congrès prends rapidement ses marques et les "misticas" (1) gigantesques avec parfois plus d'1 milliers de personnes représentent la lutte et les espoirs des Sans Terre. Certaines vous tirent même des larmes, impossible de résister, même pour les plus rudes des participants, à cette matérialisation des rêves des militants de cette organisation.


Entre émotion et haut niveau d'interventions politiques, la nouvelle position politique du MST s'est déclinée tout le long du congrès. ¨Qu´elle serait notre position si le président que nous avions soutenu empêchait la réforme agraire, s´il donnait la gestion de la banque centrale du Brésil à l´ancien président de la banque de Boston, s´il soutenait notre pire ennemi l´agro-business qui détruit l´environnement et exploite les travailleurs ruraux, s´il participait à l´attaque impérialiste contre Haïti, s´il privatisait les richesses du peuple brésilien ? [...] Nous devons aujourd´hui résister à toutes les formes de capitalisme et lutter contre ceux qui nous les imposent¨ a déclaré Gilmar Mauro, membre de la direction nationale du MST pendant le débat sur l´analyse de conjoncture.

Pour la première fois, le Mouvement juge non seulement que le gouvernement Lula n´a pas pris l´espace qu´il avait pour transformer la société brésilienne, mais qu´il accompagne l´implantation du libéralisme au Brésil.

Au cours de l´analyse de conjoncture, le Mouvement a laissé une partie de l´introduction à Nalu Faria, seule membre du PT étant intervenue dans les débats du congrès. Elle a défendu la thèse gouvernementale, affirmant que le niveau de vie s'est amélioré avec Lula et que les réformes prévues (grands travaux, réforme syndicale et réforme de la sécurité sociale - toutes rejetées massivement par les mouvements sociaux) allaient dans le sens du progrès social au Brésil. Inutile de dire qu´elle a été courtoisement remuée par les délégués Sans Terre déjà convaincu par l´accusation nécessaire du gouvernement Lula.


Réforme Agraire, réforme transitoire.


João Pedro Stedile a fait la démonstration de l´impasse de la Réforme Agraire dans le cadre actuel. Le soutien de Lula à l´agro-business est la conséquence de sa capitulation face au libéralisme. ¨L´agrobusiness est le mariage entre les multinationales totipotentes sur l´ensemble du marché agricole et les capitalistes agricoles brésiliens¨ a-t-il insisté. Dans ce cadre là, la culture la plus rentable est la monoculture avec le moins de main d´oeuvre possible et garantissant une ouverture sur le marché mondial (soja, canne á sucre) ceci étant aggravé par la perspective du développement des agro-combustibles (que le MST refuse d´appeler bio-carburants).


A la fin de la dictature, le capitalisme industriel aurait eu besoin des paysans, donc d´une réforme agraire pour assurer la production les matières premières et alimenter le marché intérieur, mais les dirigeants de la "redémocratisation" à partir de 1988 n'ont pas appliqué la réforme agraire inscrite dans la constitution tout simplement car ils étaient eux même grands propriétaires terriens. Le nouveau modèle d'agro-business initié par Cardoso (l´ancien président) et promu par Lula à l´avantage pour la classe dominante de ne pas avoir besoin de paysans. D´où, d'après João Pedro Stedile, l´impossibilité de l´application de la réforme agraire dans le cadre actuel et l´appel du MST à unir toutes les forces sociales brésiliennes pour construire un projet populaire, dans le cadre de l´¨Assembleia Popular¨ [2]. Le but de ce front unique est la recherche de la transformation socialiste, chemin emprunté par d'autres peuples latino américain (Cuba, Venezuela, Bolivie, Equateur), ce qui en fait une perspective pouvant mettre en mouvement des pans entiers de la société brésilienne. La réforme agraire est bien vue par le MST comme une réforme transitoire, irréalisable dans le système actuel.

Marche vers le Palais Présidentiel

Le jeudi 14 Juin, sous la chaleur sèche et le soleil rasant d'un après midi au coeur du continent Brésil, les délégués du congrès, accompagnés des militants des alentours, ont occupé de presque tout son long l'Avenida principal... 25.000 personnes se sont retrouvées et ont avancé vers le palacio do Planalto (palais présidentiel) toujours à la façon "Sans Terre", marchant sur 4 files pour faire un effet de masse et montrer sans besoin de discours que ce mouvement est très, très bien organisé. En marchant avec eux, on a pu entendre "Lula, nous allons faire la réforme agraire que tu as promis !" ... "Impérialisme, attention, la révolution approche" ou encore "Bush, Lula hors d'Haïti !!!"


Devant chaque ministère, tous alignés le long de la route, l'orateur du camion sono (piqué à un groupe de carnaval) fustige les projets et réformes du gouvernement Lula. Une longue tirade est prononcée devant le ministère de l'agriculture, "Nous accusons le Ministère de l'agriculture de favoriser un modèle de mort: l'agro-business, d'épuiser nos terres par la monoculture, d'exploiter les travailleurs ruraux et d'affamer notre peuple."


Le cortège atypique et impressionnant amène finalement les délégations de chaque État brésilien sur la place des 3 pouvoirs, juste devant le palais présidentiel, l'Assemblée et le Sénat. Une banderole est dépliée devant les caméras: "NOUS ACCUSONS LES TROIS POUVOIRS D'EMPÊCHER LA REFORME AGRAIRE"... voilà montrée, aux yeux du monde, la nouvelle position du Mouvement des Sans Terre.



Le MST a toujours joué un rôle central dans la recomposition des mouvements sociaux, et le dynamisme de la lutte des classes au Brésil ces 20 dernières années. Son nouveau positionnement face au gouvernement Lula va considérablement influencer les autres mouvements sociaux et doper d´espérance l´Assembleia Popular qui est l´organe le plus crédible pour organiser la contre offensive. Au niveau politique, une partie du PC do B et le PSOL, invité au Congrès en la personne de Plínio Arruda Sampaio excusé mais relayé par João Alfredo, deviennent des partenaires politiques importants pour l´avenir. Mais comme dit le MST dans la carte finale du congrès, ¨ Les vraies transformations sont obtenues par le peuple organisé, nous nous engageons à ne jamais perdre l´espérance¨ ... On y croit toujours avec eux !





Julien Terrié (militant français de la LCR, membre des amis du MST http://amisdessansterre.blogspot.com)

Tárzia Medeiros (militante brésilienne de la marche mondiale des femmes, dirigeante du PSOL)

Invités par le MST au Vème congrès national du 11 au 15 juin 2007



(1) Représentations théâtrales arrangées quelques heures avant toute activité du MST, elle sont toujours liées au thème du débat et sont généralement pleines de métaphores tirées de la culture populaire Brésilienne

(2)
Le MST a manifesté officiellement sa volonté de créer cette union dans le cadre de l´assemblée populaire - avec l´Intersyndicale, la Conlutas, les pastorales liées à la théologie de la libération critique envers le gouvernement, c´est un signe fort car ils intervenaient jusque là de façon privilégiée dans la Centrale des Mouvements sociaux (CMS) avec, par exemple, des secteurs de la CUT inféodés au gouvernement