mouvement sans terre

19 janv. 2012

Le Mouvement des Sans Terre (Brésil) : un mouvement qui reconstruit la vie.

Rosa Cañadell / El Viejo Topo (Barcelone)

A l´heure où, comme aujourd´hui, une crise s´abat sur les classes les plus défavorisées, incapables d´offrir une réponse solide pour stopper l´agression contre les droits sociaux et du travail, parler d´un mouvement social comme le MST est comme une bouffée d´air frais, et même si les circonstances diffèrent beaucoup, son exemple d´organisation, de lutte et d´éducation peut servir de source d´inspiration pour toutes et tous ceux qui s´indignent et cherchent de nouvelles voies vers cette société rêvée, plus juste et moins plus égale.

Le fait que depuis 1985 (année de la naissance du Mouvement des Travailleurs ruraux Sans Terres, MST), ce mouvement n´a jamais cessé de croître et n´a jamais renoncé à ses principes, au point de devenir une référence au Brésil comme en Amérique Latine, jette une lueur d´espoir dans notre désert plein de rage et d´impuissance.
Avec son slogan : « Occuper, résister, produire », le MST organise les paysans privés de terre pour occuper des zones improductives. Pour cela peuvent se réunir de 300 à 3000 familles, en général des personnes qui vivent dans les quartiers pauvres des grandes villes après avoir été expulsées de la campagne. Sortir de la pauvreté et retourner vivre à la campagne est ce qui pousse ces familles à se regrouper au sein du MST et à commencer le processus d´occupation et de résistance.

Une fois que la zone, le jour et l´heure sont décidés, elles prennent possession collectivement de la terre. L´étape suivante est de la défendre. Parfois surgissent les sicaire. Parfois c´est l´armée. Les paysans n´ont pas d´armes et leur défense est la non-violence et l´abandon temporaire de la terre en cas d´expulsion, généralement violente, pour la réoccuper ensuite .

Les familles montent les campements et commencent le processus de légaliser l´occupation. La Constitution brésilienne reconnaît le droit que les terres improductives soient « susceptibles de Réforme Agraire ». Ainsi l´occupation est une forme de lutte et de pression pour obliger le gouvernement à mettre en pratique le mandat constitutionnel de réaliser la réforme agraire et de faire en sorte que les terres remplissent leur fonction sociale.

Ce processus de légalisation initié par une équipe d´avocats du mouvement lui-même, peut durer des mois, parfois des années. Dans 80 % des cas la démarche aboutit mais il y a des campements qui attendent depuis dix ans la fin du processus. Pendant toute cette période sont combinées actions légales, négociations, et mobilisations : marches, occupations d´édifices publics, etc.
Finalement, une fois établie la légalisation de l´occupation, la terre devient propriété de l´État qui la donne en usufruit aux familles qui l´ont occupée. Ainsi commence l´”asentamento”, la construction de maisons et les activités productives. Les personnes qui ont conquis la terre planifient les aspects relatifs à sa répartition, à l´organisation du travail, au lieu de construction des maisons, de l´école, etc.
C´est un processus démocratique, assembléiste, et participatif. La ligne politique du MST est d´impulser et de développer la production de manière collective, mais les décisions appartient aux personnes qui se sont établi(e)s sur les terres.

Une fois cet objectif atteint, le MST continue à chercher de nouvelles terres pour installer de nouveaux groupes de paysan(ne)s. Une partie de la production de ceux qui sont déjà établis permet d´appuyer les nouvelles occupations et l’expérience des uns sert à l’organisation des autres, dans un vaste cercle de solidarité qui permet son expansion.

Depuis le début, le mouvement n’a pas cessé d’occuper des terres, d´organiser la production, de construire des écoles et de former de nouveaux militants. Actuellement quelque deux millions de personnes vivent et travaillent sur les terres occupées et / ou légalisées. On compte des centaines d’associations paysannes et de coopératives de production.

En abril 2010 on comptait près de deux mille écoles dans les campements (« acampamentos ») et dans les unités de production qui en naissent (« asentamentos »). Par l´École Nationale Florestán Fernandes sont passés 16.000 jeunes pour se former politiquement et techniquement. Pendant ce temps quelques 60.000 familles campent dans l´attente de légaliser les terres occupées.
Comment ont-ils obtenu tant avec si peu ? Trois clefs sont à la base du succès du mouvement : la lutte constante, l´organisation comme construction de valeurs nouvelles et la formation comme garantie de continuité.

1. La lutte comme moteur
La lutte constante part de l´idée que la conquête de la terre par un groupe de familles n´est pas suffisante ; la lutte continue avec la réforme agraire et avec une conception nouvelle de la production dans la campagne : sans latifundios, sans monocultures destinées à l´exportation, sans produits agrotoxiques, sans variétés transgéniques. Une agriculture qui permette aux paysans et aux paysannes de vivre dans la campagne et de la campagne, de produire sans détruire la nature, de cultiver pour la consommation interne et de garantir la souveraineté alimentaire pour toute la population. Tout cela implique un changement dans les structures de la propriété et un changement de modèle économique et politique du pays. Un grand changement structurel et de sytème pour atteindre une société plus juste et viable, tel est l´objectif ultime de ce mouvement. «  Nous ne voulons pas créer de petites îles fantastiques, nous voulons changer la société  » nous disait un jeune dirigeant.

Ainsi, la terre devient lutte et accumulation de pouvoir en trois sens : le premier, c´est la conquête de la terre et la défaite du latifundio ; Impressionnant spectacle que ces kilomètres et kilomètres sans maisons, sans habitants des grandes plantations d´eucalyptus, de maïs transgénique, puis soudain, comme dans une oasis, un campement productif doté de maisons, de jardins, de potagers, de garçonnets et de fillettes, d´animaux, d´écoles, en définitive, de vie. Le deuxième sens, c´est d´obliger l´État à légitimer l´organisation et l´occupation des terres par cette quantité énorme de personnes et ainsi d´observer ses propres lois constitutionnelles. Et le troisième sens est qu´en conquérant la terre, l´organisation des Sans Terre devient une référence politique et sociale capable d´influencer l´espace géographique et social autour de ses communautés organisées.

La lutte, en outre, génère des coutumes et des aspects différents qui forgent l´identité de l´organisation. On occupe des terres, on lutte pour des crédits, on éduque les enfants, on enregistre des CDs, on proteste contre les privatisations, on mène des actions solidaires avec d´autres mouvements, on organise des rencontres, on réalise des marches, on édite des livres, et combien d´autres choses...

2. L´organisation comme base de la société future
Par la conquête de la terre, le MST démontre en outre qu´est possible une forme alternative d´organiser la vie : en tant que propriété et communauté. La propriété collective, la production sous forme de coopératives et l´organisation assembléiste de la communauté, permettent au mouvement de se maintenir et de croître. Selon des études de la FAO sur les campements productifs, les paysans bénéficiaires des occupations de terre gagnent trois fois plus qu´avant ; l´analphabétisme disparaît, ainsi que la mortalité infantile et les jeunes qui vivent là disposent d´un débouché, sur la base d´une formation technique, professionnelle et politique.

L´organisation dans les campements, dans les unités productives, dans les écoles et dans les autres structures du MST est une des grandes conquêtes et un levier de changement. Avec l´organisation des campements et le travail volontaire et collectif, est menée une « réforme dans la réforme ».
La vie dans les campements et unités productives reconstruit, réordonne la vie sociale : chaque groupe de dix familles forme un des “Noyaux de base” parmi lesquels on choisit un coordinateur et une coordinatrice (dans toutes les structures organisatrices la parité est une norme). On nomme des responsables pour les différents secteurs : Infrastructure, Education, Santé, Finances, Sécurité, Communication et culture, Production et Front de masses. Un groupe de cinq noyaux forme une brigade (soit 50 familles) dans laquelle se coordonnent les représentants des Noyaux des différents secteurs. Finalement, les coordinateurs et coordinatrices de chaque Brigade, avec les responsables de chaque secteur, forment la Coordination Générale du Campement initial (« Acampamento ») ou de l´Unité productive postérieure («  Asentamiento »).

Chaque semaine, normalement les samedi, tous les Noyaux de base et tous les secteurs se réunissent. Au terme de la réunion la Coordination générale évalue toutes les propositions et les décisions émanant des différentes réunions. De même le coordinateur et la coordinatrice de chaque campement et de chaque unité productive se réunissent avec les unités les plus proches : c´est une coordination locale qui avec d´autres coordinations locales forment la coordination territoriale, puis celle de chaque état, et finalement la coordination nationale.

Cette organisation depuis la base génère la participation et l´auto-organisation de la vie quotidienne des campements et des unités productives, favorise la vie en commun entre les diverses familles qui occupent une même terre et maintient en vie l´esprit de solidarité et de lutte. En même temps elle maintient en contact et en coordination constante les différentes structures du Mouvement lui-même, permettant de réunir les forces, d´additionner les luttes, d´échanger des expériences, d´unifier les slogans de lutte, ce qui rend le mouvement plus grand et plus fort. La démocratie, dit-on au MST, ne peut être comprise seulement comme la participation aux processus électoraux, elle doit s´enraciner dans toutes les dimensions de la vie sociale.

Tout cela permet, dès le premier jour de l´occupation, de résoudre les problèmes produits par la précarité et la vie en commun de milliers de personnes, qui ne se connaissent pas. En peu de jours se construisent des réservoirs d´eau, des baraques de bois et de plastiques, des rues et des éclairages, des toilettes et l´école. Conjointement on établit des normes de vie commune et ainsi on réorganise en peu de jours la nouvelle forme de produire et de vivre. Le travail collectif, la participation démocratique créent une nouvelle culture sur la base de vertus nouvelles que l´organisation aide à développer. Des pères et des mères de familles qui jusqu´il y a peu étaient à peine nommés par leurs enfants, sont à présent appelés par les haut-parleurs pour participer aux réunions qui décideront du futur de leurs vies. Et en vérité il est étonnant de voir ces immenses rassemblements de personnes vivant ensemble sans besoin de représentation de l´État ni de forces policières.

Les portes des maisons sont ouvertes et elles n´ont pas de murs, la délinquance est inexistante, de même que le vol ou la violence (mon séjour dans ces campements, logée dans ces maisons sans portes, avec tous mes documents, bagages, argent à l´intérieur, n´a pas éveillé le moindre intérêt ni le plus petit problème). Les conflits sont traités collectivement et l´esprit de lutte est présent dans tous les actes quotidiens. Dans tous les campements et unités de production, le drapeau du MST est peint sur les murs des granges, des maisons, des écoles. Il n´y a pas une seule place d´une seule unité productive sans un drapeau rouge qui flotte et contraste avec le vert de la végétation. Les animaux domestiques se promènent parmi les enfants et devant chaque maison, quelque pauvre qu´elle soit, il y a un petit jardin et quelques fleurs d´ornement.

Les parents nous racontent leur satisfaction d´avoir éloigné leurs enfants “du climat de délinquance et de drogue des quartiers marginaux dans les grandes villes” et les plus petits manifestent leur sentiment d´être « plus libres et plus en sécurité”. La peur et l´exclusion semblent appartenir au passé.
L´intérêt porté à l´entretien et au nettoyage des espaces fait partie des valeurs. Le contact avec la terre et la beauté naturelle pour embellir le quotidien génèrent le sens esthétique, par l´usage des produits de la nature elle-même, et l´éveil de l´intérêt artistique : chanter, peindre, décorer, faire du théâtre, transmettre à partir de petites radios locales, tout fait partie des activités collectives. “La beauté des unités productives sert à montrer que nous avançons vers la reconstruction de la vie” dit-on avec fierté. La conscience écologique naît aussi du respect de la nature et de la volonté de reconstruire la production sans poisons ni variétés transgéniques, en respectant et en récupérant les espèces autochtones.

3. L´éducation comme semence du futur
Pour le MST éduquer est fondamental. Sa préoccupation pour l´école existe depuis le début du mouvement. La lutte pour l´école est la phase suivante de la lutte pour la terre : il s´agit d´assurer l´accès à l´éducation de tous les enfants en âge scolaire, l´alphabétisation des jeunes et des adultes et la formation technique et politique de la jeunesse.

Éduquer pour le MST signifie basiquement “former pour transformer la société” : il s´agit d´une éducation qui ne cache pas son engagement de développer la conscience de classe et la conscience révolutionnaire, parmi les participants comme parmi les formateurs. L´école est conçue comme un espace où les enfants et les adolescents se forment comme êtres humains intégraux. L´organisation collective se conçoit comme un pilier fundamental de l´école et le travail comme la base de tout processus éducatif. L´auto-organisation des éducateurs et des participant(e)s ainsi que l´implication de toute la communauté sont aussi présentes dans l´éducation : depuis l´autoconstruction de l´école à la lutte pour elle et à la participation dans les conseils scolaires.

La première chose qu´on construit dans un campement, c´est l´école. Ensuite on cherche les jeunes les plus formés pour qu´ils se chargent d´éduquer les plus petits. Le pas suivant est la lutte pour l´école publique, pour exiger de l´administration (locale ou de l´état, selon qu´il s´agit de primaire ou de secondaire) la construction de l´école publique et l´adjudication de maîtres et maîtresses.
Pour le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre, la formation de ses propres enseignants est une question centrale, et ce pour deux raisons : la première est d´assurer la continuité de l´école, puisque tant les campements que les unités productives sont situées dans des zones éloignées et souvent, les enseignants qui ne font pas partie du mouvement abandonnent l´école ou ne veulent pas y travailler. La deuxième est de mettre en oeuvre sa conception de l´éducation liée à l´histoire du campement, de la lutte pour la terre et du travail agricole.

Quand on a obtenu l´installation d´une école publique dans le campement ou dans l´unité productive, le programme de formation est “officiel” et les maîtres ou maîtresses sont payé(e)s par la Municipalité ou par l´État. Dans la grande majorité de ces écoles on obtient que les jeunes du lieu, déjà formés, puissent occuper ces postes.

Tout ceci implique qu´ils doivent transmettre les contenus officiels. Mais il n´en restent pas là. Ils mettent en pratique leurs propres principes éducatifs : une méthodologie « émancipatrice », inspirée de Paulo Freire et d´une éducation théorico-pratique liée à la terre, avec jardins scolaires, soins des arbres et des fleurs, etc... Ainsi on élargit les contenus officiels avec des contenus propres et on élabore un matériel pédagogique alternatif. La “mystique” (chants, hymnes, slogans, poésie, représentations symboliques, etc.) est toujours présente dans les écoles, de même que l´éducation artistique et culturelle : musique, danse, théâtre, art. Ces écoles, situées dans les unités productives, sont souvent ouvertes au reste des enfants des villages voisins, de sorte qu´elles offent aussi un service à la communauté locale.

Par ailleurs le MST, en partenariat avec plusieurs universités, organise des cours techniques et pédagogiques pour ses jeunes. Ces cours fonctionnent toujours à temps partiel, combinant théorie et pratique : deux mois de formation dans le Centre éducatif et trois mois de travail dans l´unité productive, et ainsi de suite durant trois ans, au bout desquels on acquiert une formation et un titre universitaire qui leur permet de travailler dans les unités productives (« asentamentos ») comme professeurs des écoles publiques ou comme techniciens en agro-écologie ou en coopérativisme.
La conception de l´école au MST embrasse un grand nombre d´aspects : la planification, l´évaluation, la formation des professeurs, les matériels didactiques, la relation professeur/élève, le travail pédagogique, etc. En d´autres termes, l´école est repensée de manière intégrale et vise de nombreux objectifs : comme outil d´émancipation sociale, elle veut éliminer l´analphabétisme et rendre la culture accessible à tout le monde. En tant que promotion intellectuelle et technique, elle veut permettre aux jeunes de rester vivre sur place et de disposer d´un emploi. Elle cherche à transmettre des valeurs : amour de la terre, travail collectif, solidarité, discipline, créativité. Elle vise à améliorer la vie des unités de production et de leur environnement local : production, coopérativisme, agro-écologie.

Elle est une manière de stimuler l´engagement : la lutte pour la terre, la récupération de l´histoire propre (celle de l´occupation, du campement) et collective (les luttes sociales et paysannes, les révolutions en Amérique Latine, etc.). Elle sert aussi à former les futurs cadres et dirigeants : la formation politique.

L´éducation se veut donc à la fois un processus de rétroalimentation du mouvement lui-même et un outil de transformation sociale.

Au cours de son quart de siècle d´existence, le MST a construit un vaste réseau d´écoles, dans leur majorité publiques, qui se situent dans les zones d´influence du Mouvement. Selon des données du secteur de l´éducation, en avril 2010, existaient dans les campements et dans les unités de production, près de deux mille écoles, basiquement d´éducation infantile et de primaire complète, et quelques unes d´enseignement secondaire. On compte 300.000 personnes étudiant dans des écoles publiques, depuis l´infantile jusqu´à l´universitaire, en pasaant par l´éducation de jeunes et d´adultes. Dans les écoles des campements et des unités de production travaillent 10.000 professeurs, plus 5.000 autres travailleurs de l´éducation, normalement des jeunes qui exercent cette fonction d´éducateurs sans en avoir le titre mais qui sont en formation dans les cours pédagogiques du MST.

Tout cela a permis de mettre un terme à l´analphabétisme, de disposer d´écoles dans tous les campements et unités productives, d´avoir des maîtres et des maîtresses jeunes, motivés et impliqués dans cette éducation comme projet global au-delà de la simple instruction. Et de compter des jeunes formés, munis de titres, et d´un ensemble d´étudiants motivés, avec peu de problèmes de discipline et un grand sens des responsabilités.

Autre résultat, jeunes et adultes possèdent un haut niveau de formation idéologique et politique, il n´y a qu´une faible désaffection des jeunes dans le Mouvement. L´enracinement renforcé dans les unités productives a permis d´augmenter la qualité de la production et de l´auto-organisation. Tout cela revient à continuer la lutte pour la terre et pour la transformation sociale tout en multipliant les opportunités de vie personnelle, professionelle, des paysan(ne)s sans terre.

L´École Nationale Florestán Fernandes (ENFF) : la connaissance libératrice de consciences
Avec l´éducation, la formation politique a toujours été un des piliers du MST, et c´est pourquoi a été créée l´Escuela Nacional Florestán Fernandez, en 2005. L´idée de cette école nationale est née à la fin des années 90 quand a surgi le besoin de disposer d´un espace de formation de la militance et d´échanger des expériences ou de mener des débats sur la transformation sociale en Amérique Latine.
Cette école est située à Guararema (à 90 KM. de Sao Paulo) et a pour objectif d´ètre un espace de formation supérieure plurielle dans les divers domaines de la connaissance, non seulement pour les militants du MST, mais aussi pour ceux d´autres mouvements sociaux, ruraux et urbains, du Brésil et d´autres pays d´Amérique Latine.

L´école a été construite à partir du travail volontaire de brigades de personnes venues des campements et d´autres mouvements sociaux. Plus de mille personnes ont collaboré à l´auto-construction de l´École, qui, en outre, se caractérise par une grande beauté et simplicité architecturale, ainsi que par un environnement bien entretenu. Elle compte des dortoirs pour 250 personnes, avec un grand réfectoire, una salle de projections, une salle pour les réunions et les assemblées, une bibliothèque, 15 classes, un grand jardin, une garderie d´enfants et de vastes espaces externes avec jardins et petites unités de production agricole.

Depuis 2005 sont passés par cette école plus de 16.000 jeunes, près de 500 professeurs volontaires de diverses universités du Brésil, d´Amérique et d´autres continents, et 2.000 visiteurs du monde entier. Les espaces de l´école servent aussi à l´organisation de diverses rencontres : de jeunes, de professeurs, d´autres mouvements sociaux comme la Via Campesina, le Mouvement Noir, le Mouvement des Sans Toit, etc., ainsi qu´à la réalisation de séminaires et d´autres évènements. Les principaux intellectuels de gauche sont passés par l´école au moins une fois, beaucoup y reviennent.
Les élèves ne paient rien et le professorat ne perçoit pas de salaire. La conservation du centre se fait à partir du travail des jeunes qui étudient et qui assument les tâches de nettoyage, de cuisine, de travail productif dans les potagers et de soins des animaux qui seront une partie fondamentale de leur propres repas. Ainsi l´École se soutient par ses propres forces et le travail collectif revêt une dimensión pédagogique et éducative fondamentale pour les étudiants.

La formation des militants, ou formation politique, combine des questions de théorie et de connaissance avec une formation éthique et morale, mettant l´accent sur la coopération, la solidarité, la fierté de classe, l´importance de l´étude, du travail et de la beauté. L´école se valorise par sa capacité à impulser la formation de militants, la formation à de nouvelles formes de travail dans la campagne et à des valeurs humanistes et socialistes.

Conclusion
En ces temps de néo-libéralisme radical et de pensée unique, le Mouvement des Sans Terre du Brésil montre qu´il est possible d´établir un nouveau type de propriété de la terre et de produire sans préjudices pour la nature, d´avancer et de perfectionner la démocratie et la solidarité, de participer dans toutes les luttes contre l´oppression et de mettre en pratique de nouvelles valeurs avec de nouveaux contenus.

De son organisation, de sa lutte, de sa ténacité pour une éducation émancipatrice, nous pouvons apprendre en tant qu´éducateurs et activistes de mouvements sociaux. L´histoire n´est pas écrite mais il y a des voies tracées et cela vaut la peine de les explorer.

Dans la nuit, quand on les attend le moins, on voit des légions de familles juchées sur des camions prendre la route pour occuper des grandes plantations abandonnées, pour retrouver la possibilité de renaître comme êtres humains et politiques. En peu de temps le rouge des drapeaux brille comme un brasier et annonce que là-bas, des esclaves cherchent la liberté et invitent les autres à forger ensemble leur propre destin”. (Ademar Bogo :”Le MST et la culture”, Sao Pâulo 2009))

LUTTER EST LA MEILLEURE MANIÈRE D´ESPÉRER
Rosa Cañadell est professeur, porte-parole de l´USTEC•STE. Membre du Comité de soutien au MST, Barcelone (Catalogne). Membre de Socialisme 21.
Source : El Topo Viejo, http://www.elviejotopo.com/
Traduction française : Thierry Deronne, pour www.larevolucionvive.org.ve
Pour soutenir le MST, on peut écrire à Salete Carollo, prointer@mst.org.br
Pour une information continue en français sur les activités du MST, http://mouvementsansterre.wordpress.com/

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